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Littérature -> Romans & Nouvelles |
| Zakhar Prilepine Une fille nommée Aglaé Actes Sud - Lettres russes 2015 / 23 € - 150.65 ffr. / 363 pages ISBN : 978-2-330-03901-1 FORMAT : 11,6 cm × 21,7 cm
Joëlle Dublanchet (Traducteur) Imprimer
Sept nouvelles nous racontent une Russie profonde et délabrée, la laideur des sentiments humains, le côté obscur de la vie.
La nouvelle éponyme a été adaptée au cinéma : de jeunes flics pas très nets, qui nont pas de salaire depuis trois mois mais perçoivent des rations de corned-beef immangeables, font partie des forces spéciales de la police, chargées du maintien de lordre ; les Omon cherchent des noises aux mafieux locaux, se bagarrent par bravade, par oisiveté et pour les beaux yeux dAglaé. Lauteur connaît bien ce milieu : il a effectué des missions en Tchétchénie.
Un gamin vit dans une vieille isba, près de la voie ferrée où passe le train pour Moscou. Un jour, le train sarrête en rase campagne
Un commandant de section se souvient de son enfance malheureuse, lui, laid, malingre et apeuré devant un père grand et fort, indifférent. Deux amis suspectés dun meurtre quils nont pas commis subissent un interrogatoire musclé par un policier qui prend beaucoup de plaisir à les torturer. Abîmés physiquement, ils nen sortiront pas indemnes moralement. Une rock star vit son heure de gloire avant de connaître la déchéance physique et psychique de la vieillesse. Un homme est éperdument amoureux dune femme quil croira reconnaître longtemps après.
Un souvenir denfance refait surface le long dune rivière et dune forêt, le fils se souvient de son père quil admirait tant. Cette dernière nouvelle est la seule qui laissera le lecteur souffler un peu, stressé par le reste de louvrage où tout est prétexte à la brutalité des hommes, surtout policiers et militaires. «Lâme humaine coule tranquillement sans connaître par avance le chemin. La rive, tout du long est tantôt douce, tantôt abrupte et pendant quon se dépêche sur le bord pou arriver à suivre le cours deau, on sécorche aux buissons» (p.287).
Prilépine a choisi les teintes noires de la vie dans une Russie pauvre, rude dans sa violence sociale et politique, dans laquelle la relation au père est difficile, figure haïe ou admirée, et le rapport aux femmes très compliqué. Le manque damour fait souffrir à chaque génération, les amitiés sécroulent sans raison valable. Tout est sans espoir, laid et violent. «Des cloportes comme toi on nen veut pas dans larmée. Cest pour ça que vous êtes tellement rabougris, fragiles, visqueux. Cogner, cest normal, tu as compris ?» (p.243).
La loi du plus fort règne dans ces récits désenchantés qui n'aident pas à mieux connaître lâme russe.
Eliane Mazerm ( Mis en ligne le 29/04/2015 ) Imprimer | | |
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