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Un peintre amoureux
Michel Bernard   Deux remords de Claude Monet
La Table Ronde - Vermillon 2016 /  20 € - 131 ffr. / 224 pages
ISBN : 978-2-7103-8070-2
FORMAT : 14,0 cm × 20,5 cm
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Après ses ouvrages sur la Grande Guerre au travers des expériences de Genevoix et de Ravel, après ses témoignages rendant hommage aux Poilus, Michel Bernard nous invite dans ce roman à pénétrer dans l’intimité de l’immense peintre impressionniste qu’est Claude Monet. L’auteur inaugure ce regard sur le peintre par un détour tragique sur un des champs de bataille de la guerre franco-prussienne et suit l’artiste jusqu’à sa mort.

Ces Deux remords de Claude Monet se jouent à trois personnages : le peintre Frédéric Bazille, son ami, qui perd la vie en combattant à Beaune-la-Rolande le 6 décembre 1870, Camille, sa femme, son inspiratrice, sa confidente, qui meurt le 5 septembre 1879, et Claude lui-même, dernier dépositaire de l’amour et de l’amitié.

Cette fresque picturale autant qu’historique nous entraîne dans le sillage des plein-airistes Monet, Bazille, Renoir, Sisley, au gré de leurs lieux de vie et de leurs études sur la lumière. Les «remords» de Monet s’insèrent dans l’histoire de deux de ses toiles : le tableau pré-impressionniste «Femmes au jardin», peint en 1862, et les monumentaux Nymphéas de 1926.

«Femmes au jardin» fut acheté par Bazille, plus argenté que ses compagnons et admirateur du talent de Monet. Il installera le tableau dans sa demeure familiale près de Montpellier. Puis le tableau appartiendra pour un temps à Manet avant que Monet ne le récupère pour le conserver dans sa collection personnelle. Car ce tableau lui tient à cœur. Il exigera, au moment d’offrir ses «Nymphéas» à l’État français, que ce dernier lui rachète «Femmes au jardin» pour l’exposer dans ses musées (d’abord au Luxembourg, puis au Louvre et enfin à Orsay). Cette toile met en scène quatre femmes (dont trois sont la représentation de Camille) et un homme, Bazille.

Le défi de ce roman tient évidemment à son sujet - la peinture, et plus particulièrement la peinture impressionniste -, et donc à la langue qui permettra de rendre à la fois sentiments et lumière par touches de couleurs et de mots. La langue de Michel Bernard est belle et sensible. Elle parvient à évoquer ces toiles par un vocabulaire précis et lumineux mais son secret est de donner corps aux tableaux, d’y insuffler la vie. Lorsque l’auteur décrit «La Femme à la robe verte», tableau présenté au salon de 1866, il nous a déjà introduit dans les pensées et recherches artistiques de Monet, mais plus encore, dans son intimité. Et c’est Camille qu’il fait revivre sous la richesse de la robe Second Empire :

''Le rendu de la traîne de soie à bandes vertes et noires avait fait forte impression. Le grain du tissu, la manière dont il se froissait en cent esquisses de pliures au contact du sol, ses reflets aux intensités variables, sa vérité avaient été comparés aux maîtres italiens, à Veronese surtout... Sous ses vêtements d’hiver, Monet connaissait le corps de la Femme à la robe verte. Elle était Camille, Camille toute entière. Dans son visage de trois quarts, comme posé sur la fourrure du col, il avait peint tout ce qu’il en pouvait montrer : la blancheur lumineuse, le moelleux de la chair, la douceur unie de la peau, la longue courbure des cils, la toison très brune des cheveux».

Ce roman à trois personnages (Frédéric, Camille et Claude) - et en trois parties qui leur sont dédiées - se construit en un triptyque littéraire dans lequel la partie centrale, Camille, est de loin la plus importante. Mais l’auteur parvient à suggérer par ses mots un triptyque pictural dans lequel Frédéric, l’ami fidèle, et Claude, le veuf inconsolable, enserrent et se replient sur l’image de cette femme lumineuse et tranquille, jusqu’à sa mort prématurée peinte par Monet.

Ce roman esquisse avec délicatesse une vie avec ses bonheurs et la perte d’êtres chers que leurs traits fixés sur une toile parviennent à sauver de l’oubli. Michel Bernard nous livre là une belle réflexion sur le temps, celui du bonheur passé, le temps qui passe et qui ne se laisse saisir que par instants fugaces, sur les remords aussi qui ont sur les regrets l’avantage d’avoir été et de conserver des traces.

Et quelle meilleure définition de cette problématique du temps que celle même de l’Impressionnisme donnée par Monet : ''La peinture ce n’est ni le temps passé, ni l’éternité, c’est l’espace et l’instant, le paysage et le temps, ce que durent des traces de pâtes vertes, bleues, jaunes et rouges répandues sur de la toile tissée serrée. Et, comme c’est impossible de peindre la chose elle-même, entièrement, vraiment, au moment exact où on la voit, ce n’est jamais ça''.


Sylvie Koneski
( Mis en ligne le 31/08/2016 )
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