L'actualité du livre Jeudi 18 avril 2024
  
 
     
Le Livre
Littérature  ->  
Rentrée Littéraire 2021
Romans & Nouvelles
Récits
Biographies, Mémoires & Correspondances
Essais littéraires & histoire de la littérature
Policier & suspense
Classique
Fantastique & Science-fiction
Poésie & théâtre
Poches
Littérature Américaine
Divers
Entretiens

Notre équipe
Essais & documents
Philosophie
Histoire & Sciences sociales
Beaux arts / Beaux livres
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Littérature  ->  Romans & Nouvelles  
 

Passion enfantine
Rosetta Loy   La Porte de l'eau
Rivages 2001 /  16.79 € - 109.97 ffr. / 123 pages
ISBN : 2743608285

traduit de l'italien par Françoise Brun
Imprimer

La Porte de l'eau est le roman auquel Rosetta Loy dit être le plus attachée. Commencé durant l'été 1976, elle y mettra un point final seulement vingt-cinq ans plus tard. Elle avoue l'avoir nourri de nombreux éléments autobiographiques, même si la narratrice, incarnée par une petite Italienne de quatre ans et demi, ne lui ressemble pas tout à fait.

Rosetta Loy raconte la vie quotidienne d'une enfant et de sa gouvernante allemande, Anne-Marie, dans une Rome voilée de gris par la montée du fascisme. Dans un style ample, baroque et plein de poésie, elle prête ses mots à cette enfant à la fois innocente et très consciente de ce qui l'entoure. Toutefois, l'auteur sépare bien son univers de celui des adultes. La petite évolue entre sa gouvernante mais aussi les bonnes de la maison, Letizia et Italia, le chauffeur, Francesco, ainsi que les religieuses qui lui donnent déjà quelques cours de catéchisme.

Les parents, eux, ne sont que des figures floues, lointaines. Ce n'est donc pas sa mère mais Anne-Marie dont la narratrice cherche à capter l'attention, en une sorte de quête pathétique. Une étrange histoire d'amour, d'autant plus émouvante et troublante qu'elle n'est pas réciproque. Anne-Marie ne parle qu'en allemand et oppose aux démonstrations d'affection de la petite fille sa rigidité et son indifférence : "Je l'avais serrée en appuyant ma joue contre la sienne. Mais dans le miroir où nous nous reflétions enlacées je voyais ses yeux me fuir." Tout est ainsi presque hostile à l'enfant. Tout, jusqu'à l'atmosphère romaine.

On est ici bien loin des cartes postales représentant une place d'Espagne ensoleillée et fleurie. Rosetta Loy évoque au contraire une ville froide aux places désertes, une cité grise, pluvieuse, parfois seulement auréolée d'un pâle soleil. Une image particulière de la capitale italienne dans les années 30, qui rappelle les cinéastes néo-réalistes. Une Rome très catholique également où l'antisémitisme est latent. Anne-Marie interdit à l'enfant de jouer avec une autre fillette, Regina, car celle-ci est juive. Après la visite d'un médecin juif - converti cependant - la petite fille voit sa gouvernante "passer de l'alcool sur les poignées des portes" qu'il a touchées. L'ombre de l'Histoire plane donc jusque dans la chambre de l'enfant.

La Porte de l'eau est un très beau roman intimiste sur une passion enfantine. C'est aussi une fiction qui évoque un chapitre de l'Histoire de façon bien plus saisissante que ne peuvent sans doute le faire les livres spécialisés, en nous plaçant, non pas au coeur des grands événements, mais dans le quotidien. Quoi de plus révélateur ?


Ariane Charton
( Mis en ligne le 23/10/2001 )
Imprimer
 
SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

 
  Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
Site réalisé en 2001 par Afiny
 
livre dvd