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Lever l’ancre
Marianne Rötig   Cargo
Gallimard - Le sentiment géographique 2018 /  12,50 € - 81.88 ffr. / 144 pages
ISBN : 978-2-07-282127-1
FORMAT : 14,0 cm × 20,5 cm
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La belle collection ‘’Le sentiment géographique’’ publie le premier roman de Marianne Rötig dont le titre est à lui seul un appel au voyage : Cargo. En exergue, une citation de Hugo Pratt : «Certains disent que les chats ont neuf vies, mais la version selon laquelle ils en ont sept me paraît supérieure, car sept est un nombre cabalistique : celui des sept portes, des sept clefs, dont la dernière ouvre le paradis terrestre». Hugo Pratt dont on retrouve le héros légendaire, Corto Maltèse, le beau et mystérieux marin errant dans les dernières pages, lorsque s’achève le périple dans le port de Malte.

Marianne Rötig raconte dans une belle langue huit jours passés à bord d’un cargo du Havre à Malte. Huit jours placés sous le patronage des dieux romains, et décrits, en carnet de bord, un à un : Jeudi jour de Jupiter, Vendredi jour de Vénus, etc. De jeudi à mercredi, s’écoule une semaine, qui s’achève avec Mercure : «Je pense à Mercure dont on dit que c’est le dieu du commerce et des voyages mais aussi des voleurs» ; or l’écrivain est un voleur, voleur d’images, d’impressions, de moments retraduits en mots, trahis… livrés au lecteur insatiable.

Elle cherche son cargo sur les quais du Havre, ayant revêtu pour la circonstance une tenue qu’elle estime adéquate : «j’ai sur le dos ce long manteau de cuir et c’est lourd, la peau de bête, et le grand sac militaire qu’il accompagne pas moins, mais enfin ça a du panache, un panache que relève la voyante collerette en fausse fourrure. (…) c’est quoi cette hussarde en goguette, cette princesse russe déchue, qui est et ou croit-elle qu’elle est ?». Puis, c’est l’embarquement et huit jours dans l’univers clos d’un cargo chargé de containers, dans lequel elle est la seule passagère, au milieu des officiers et des marins philippins, deux mondes qui se côtoient, œuvrent au même objectif mais ne se mélangent pas, tout au plus se rapprochent lors de la dernière soirée.

Un monde masculin, avec des personnalités diverses : le capitaine qui surjoue la virilité et veut incarner l’autorité sans faille, l’ingénieur-chef, le touchant élève officier, les philippins voués aux tâches les moins nobles. Une hiérarchie qui ne s’oublie jamais et qu’observe et qu’apprend à décrypter la jeune femme : «Ce navire est caricatural à souhait, on ne me croira jamais quand je vais raconter : un capitaine Haddock alcoolique, un ingénieur-chef rusé, un jeune mousse qui a le mal de mer, un marin astrologue qui me montre les étoiles à peine le pied à bord et jusqu’à cet officier un peu trop rond pour le nécessaire rôle du comique débonnaire…». Des hommes anonymes, à l’exception de trois : Bogdan, Costin, Kimlee, avec qui se nouent des relations plus fortes.

Les journées sont longues et courtes, il y a tant à voir, tant à rencontrer, de l’oiseau «passager clandestin» aux hommes d’équipage. Les nuits sont belles aux ciels étoilés, les soirées se suivent, avec les officiers ou les philippins. Dans cette narration écrite à la première personne, l'auteure se dévoile peu, s’effaçant derrière son sujet ; cependant, le lecteur éprouve au fil des pages l’impression de découvrir en creux une personnalité originale, indépendante.

Le cargo cesse d’être cette masse puissante, chargée de containers, lourde et grise, pour devenir un univers poétique. À suivre Marianne Rötig, le lecteur lève l’ancre lui aussi, se perd dans la mer, sans pour autant sombrer dans les clichés, et rêve d’embarquer à son tour…


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 19/10/2018 )
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