| Muriel Barbery Un étrange pays
Gallimard - Blanche 2019 / 22 € - 144.1 ffr. / 387 pages
ISBN : 978-2-07-283150-8
FORMAT : 14,0 cm × 20,5 cm
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. «Quand la première coupe fut vidée, Alejandro et Petrus se sourirent et Jesùs remarqua les beaux yeux gris et pensifs du rouquin.
- Par où êtes-vous arrivé ? demanda-t-il.
- Par le pont, répondit Pétrus. Le pont qui relie notre monde au vôtre.
Puis après un silence :
- Il vous est invisible»
Qui est Petrus, cet affable rouquin surgi de nulle part dans la cave du castillo où Alejandro de Yepes et Jesùs Rocamora, jeunes officiers de l’armée régulière espagnole, ont établi leur campement ? 1938 : l’Espagne est envahie par ses ennemis, dont la France. Dans la sixième année de la plus grande guerre humaine, ils doivent quitter leur poste et traverser ce pont invisible. Bientôt, ils découvrent le monde des elfes où vit Petrus, ses brumes, son étrangeté, sa grâce. Ils arpentent ses chemins de nature, vivent l’ivresse de la rencontre avec des êtres insolites, tantôt humains, tantôt lièvres, sangliers, chevaux ou écureuils. Le pont part du Pavillon des brumes et les elfes perdent leur pouvoir sur terre. Cependant, dans cet univers légendaire, la bataille fait rage aussi et le dernier combat approche...
Ce roman offre une uchronie et une fantasy pleine de poésie, entre l’ivresse des vins et la cérémonie du thé. Peut-on imaginer un monde sans fable, sans légende ? Cette histoire fait suite au Pays des elfes qui courait de 1918 à 1931. Certains personnages sont communs aux deux romans, comme les deux jeunes elfes Maria et Clara, mais les deux récits peuvent se lire séparément. La vie englobe les vivants et les morts qui reviennent parfois sous formes de fantômes ; plusieurs mondes communiquent.
C’est une réflexion sur la vie des morts, sur le pouvoir de la poésie et la fiction. Nous sommes emmenés dans un conte infusé de magie, un roman d’aventure, une méditation, un appel à l’imagination et au rêve. Humour, considérations métaphysiques, éléments merveilleux et thèmes contemporains s’entremêlent... ce qui rend la lecture parfois déroutante. Un étrange pays est inspiré de l’expérience asiatique de l’auteure, du Japon, de Kyoto et ses temples qui donnent leurs noms aux lieux du monde des brumes. Elle a voulu créer une mythologie, le monde réel est pris pour créer un monde imaginaire dans lequel vivent les elfes ; tout est dans l’esthétique asiatique : la cérémonie du thé, les jardins, les ponts, la nature, les brumes... comme dans un dessin d’Hokusaï.
«Je maintiendrai toujours était la devise des brumes et du castillo de Yepes. Que faire en cette vie, sinon maintenir la magie d’un récit de fantômes et des roses»
Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 25/02/2019 )
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