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De Bab-el-Oued à la Duchère
Alexis Jenni   Féroces infirmes
Gallimard - Folio 2020 /  7,50 € - 49.13 ffr. / 336 pages
ISBN : 978-2-07-288161-9
FORMAT : 11,0 cm × 18,0 cm

Première publication en mars 2019 (Gallimard - Blanche)
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. «Je n’aimerais pas que mon père atteigne quatre-vingts ans. Il en a soixante-quinze, il a bien vécu (…) je ne veux pas sa mort, ce n’est pas ça, mais je ne sais pas comment faire pour que ça s’arrête. Que ça s’arrête, ce radotage, cette vitupération, et cette hargne, que ça s’arrête ce récit de sa jeunesse violente qu’il radote à chaque tour avec de nouveaux détails cruels que je découvre».

Alexis Jenni dans L’Art français de la guerre, prix Goncourt 2011 et son premier roman, faisait le récit des guerres coloniales françaises et leurs répercussions actuelles. En 2016, il poursuivait la réflexion en dialoguant avec Benjamin Stora, historien spécialiste de la Guerre d'Algérie, dans Les Mémoires dangereuses. Il termine le cycle avec un roman qui raconte les affrontements du côté des appelés en Algérie, cette génération sacrifiée, et la violence héritée par les générations suivantes.

Le roman porte deux voix, il met en parallèle les destins de Jean-Paul Aerbi et son fils Nicolas, qui vivent dans le quartier de la Duchère à Lyon, ville futuriste d’un ensemble d’immeubles aérés construits dans les années 60, qui ont d’abord reçu les Pieds-Noirs. Plus tard, le quartier s’est dégradé et paupérisé. Ils vivent sur le même palier qu’une famille d’Arabes dont le grand-père appartenait au FLN, et que Jean-Paul dans sa fureur raciste ne manque pas d’insulter copieusement dès qu’il les voit. Pourtant Rachid et Farida sont très amis avec Nicolas.

Jean-Paul a passé deux ans de service militaire en Algérie, dans la campagne, puis il est parti remplir les rangs de l’OAS à Alger ; il a gardé toute sa violence, il l’a intériorisée. Mais il est sur un fauteuil roulant, entièrement dépendant de son fils, lui forcé de vivre avec ce vieillard aigri et atrabilaire. Le récit est centré sur la guerre d’Algérie du père qui, comme deux millions de jeunes, est enrôlé de force et a connu la plus grande sauvagerie dans ce chaudron algérien. Il a rencontré la mère de Nicolas sur le bateau du retour en France ; Aimée était médecin, elle soignait les corps et les âmes ; elle est morte depuis. Les derniers mois, en 1961-62, sont au cœur du roman ; c’est à ce moment que la France annonce qu'elle rendra son indépendance à l’Algérie et retire sa présence militaire.

Une partie de l’armée et de la population bascule dans l’activisme et le terrorisme ; tout se termine dans un chaos total au printemps 62 : tout le monde s’entretue et les Français se replient en France. La chute d’Alger est un traumatisme profond pour ceux qui l’ont vécue, la fin d’un monde. Jean-Paul, appelé à choisir la violence, multiplie les mauvais choix «virils». Comment réagir sur le terrain quand les armes circulent partout, le FLN et l’OAS se faisant face.

Ce conflit reste un noyau enkysté dans l'histoire contemporaine française. Son rayonnement maléfique a réduit le fils aux traits d'un personnage falot, indécis, écrasé par la forte personnalité du père. Il subit son racisme furieux et flotte à côté de ce déchaînement de haine. Il aimerait passer à autre chose, que la vie soit moins triste et tournée vers le futur, oublier, se reconstruire avec sa propre identité nouvelle et apaisée. Qui sait, peut-être Ariane reviendrait-elle ?...

A nouveau un très bon roman, sans fioriture, dense et précis, à l’atmosphère lourde de haine, mais apaisée quand le fils reprend la narration. Ce sont les deux extrêmes. Un récit original parmi tous ceux consacrés à cette guerre.


Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 21/09/2020 )
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