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Destination Cap Cod
Henry David Thoreau   Cap Cod
Imprimerie nationale - La Salamandre 2000 /  19.85 € - 130.02 ffr. / 330 pages
ISBN : 2-7433-0321-2

traduit de l’anglais (Etats-Unis), présenté et annoté par Pierre-Yves Pétillon
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Si vous avez envie de partir sur les traces des écrivains américains, de Norman Mailer, d’Edward Hopper ou de William Styron, poussez jusqu’à Cap Cod, "le cap aux morues", sur la côte Est des Etats-Unis, le long du Massachusetts. Vous arpenterez cet étrange cap du bout du monde le livre d’Henry David Thoreau (1817-1862) glissé dans votre sac à dos. Ici, dans cette solitude à perte de vue, "l’homme a du mal à laisser une trace de son passage : sur le plateau, le vent les efface ; et sur la grève, les vagues, à marée montante".

Thoreau a choisi de quitter sa petite cité de Conrod (Massachusetts) pour ne plus voir de traces, se perdre, avancer sur du sable. Ce marcheur-errant est pourtant, d’après Pierre-Yves Pétillon, son traducteur et son préfacier, l’ancêtre de tous ceux qui balisent les sentiers de grande randonnée. Il crée une nouvelle géographie, la sienne, imaginaire. Dans cette Nouvelle-Angleterre des premiers colons, "marcher sur le Cap est une sorte de navigation", rien n’est fixe, tout est mouvant, les maisons flottent, tout est mal arrimé. 1849, l’année où Thoreau met pour la première fois le cap à l’est correspond à la ruée vers l’or de Californie. Année de la nouvelle Frontière, où cet homme paradoxal tourne justement le dos à l’Ouest.

Pour lui, la Frontière "est une expérience, non pas un lieu", une expérience intérieure où l’itinérant dépasse ses propres limites. Une errance dans "un lieu zéro, un monde décapé jusqu’à l’os", avec sa cruauté, sa sauvagerie et sa solitude. "Une parenthèse entre deux naufrages". Le récit s’ouvre sur le naufrage du Saint-John, qui transportait des émigrants irlandais qui jamais ne verront le Nouveau Monde et s’achève sur le naufrage d’une goélette transportant du bois. Tout au long de sa route, à pied ou en diligence, le voyageur ramasse des flèches d’Indiens, des coquilles vides, traverse des arpents stériles, des plaines et des marais. Le vent hurle sur les plaines de Nauset Pas une âme qui vive.

Dans la commune d’Eastan, les baleines échouées subviennent aux besoins du pasteur. Thoreau nous apprend à regarder la mer avec ses ramasseurs d’épaves, ses cadavres, son varech, ces histoires de pêche, tout ce qu’elle chavire et emporte avec elle. "Au loin, on aperçoit un phare ou une cabane de pêcheurs, voilà où il faut passer la nuit. Debout ici, on a l’Amérique derrière soi", sont les derniers mots de cette longue expédition. Thoreau sait "qu’un jour, fatalement, viendra où cette côte se transformera en lieu de villégiature pour les habitants de Nouvelle-Angleterre… Aujourd’hui, elle reste totalement inconnue du beau monde". Il nous fait partager son émerveillement pour ces terres encore vierges.

Embarquez vite pour Cap Cod !


Emmanuelle de Boysson
( Mis en ligne le 10/08/2000 )
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