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Voci di femmine
Claudio Magris   Les Voix
Descartes & Cie 2002 /  9.5 € - 62.23 ffr. / 57 pages
ISBN : 2844460283

Traduit de l'italien par Karin Espinosa
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Modeste employé de bureau à la silhouette falote, le narrateur de ce bref roman - "nouvelle" conviendrait mieux à ce texte n'atteignant pas soixante pages - est en réalité un don juan frénétique. Mais là où son illustre ancêtre menait sa chasse au flair ("Odor di femmine"), celui-ci s'en remet entièrement à son ouïe. Car ce sont les voix de femme qui l'attirent, elles seules, et plus particulièrement : leur voix sur le message de leur répondeur téléphonique. On ne s'étonnera dès lors pas que le "catalogue" de ce libertin des ondes ait des allures d'annuaire, mais le vertige est le même : car le 27 65 04 a une sensualité bien particulière, pimentée d'une pointe de provocation ("Si vous voulez, vous pouvez laisser un message après le bip. Merci et ciao !"), qui n'a rien à voir avec l'intonation à la fois chaude et ironique du 32 64 29 ni avec l'impudence despotique du 72 28 16... Toute la difficulté étant d'appeler aux heures d'absence : quand, par inadvertance, le répondeur est débranché et qu'un "Qui est à l'appareil ?" se fait entendre à la place du message habituel, le charme s'évapore, le mensonge s'installe. Car la voix enregistrée est "la seule voix vraie, consciente, nécessaire", une empreinte sonore aux mille nuances pour qui sait prêter l'oreille. Et une trace concrète, immuable, contrairement au corps des femmes qui s'évanouit quand on l'étreint. Mais cette quête effrénée va se heurter à un terrible obstacle : la messagerie vocale, qui substitue à la matière vivante des voix un simulacre métallique. La passion fétichiste du narrateur va alors prendre une dimension plus inquiétante...

Sur un argument ténu, Claudio Magris a la sagesse de ne pas chercher à développer artificiellement le portrait de cet "homme-qui-aimait-les-voix-enregistrées-des-femmes" - et le talent de traduire cette passion fétichiste avec une sensualité palpable. La traduction de Karin Espinosa rend toute la singularité de ce verbe nourri d'images à la beauté convulsive. Monologue paranoïaque-critique, Les Voix se révèle, mine de rien, un petit bijou de la littérature du désir, à classer dans sa bibliothèque quelque part entre Sacher-Masoch et André Pieyre de Mandiargues.


Pierre Brévignon
( Mis en ligne le 07/03/2002 )
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