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Un bandit au pays des lettres
Jacques Bens   Gaspard le bandit
Joëlle Losfeld 2006 /  18.50 € - 121.18 ffr. / 353 pages
ISBN : 2-07-078704-4
FORMAT : 15,0cm x 22,0cm
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Les éditions Joelle Losfeld rééditent Gaspard le Bandit, à l'occasion d'une adaptation pour la télévision (diffusée en février 2005). Inspiré de l'histoire vraie de Gaspard de Besse, le roman a reçu le prix Goncourt du Récit historique en 1990.

Les deux premiers paragraphes appartiennent à une discipline qu'on appelait jadis "géographie historique". Le troisième, formé d'une phrase unique, dit: "Voilà pour la géographie.". Les trois cent cinquante pages qui suivent appartiennent au manuel d'histoire (premier cycle), à la littérature romanesque, au jeu littéraire, à la poésie lyrique, à l'humour, au scénario, et aussi (certains diront hélas) à la géographie. Certainement pas à tout cela en même temps, mais à chacun en son temps. Reste à être capable de dire, à telle page donnée, dans quel temps on est : celui de l'écriture, de l'archive, de la fiction, du rêve d'enfant, enfin de ce voyage aller-retour entre présent et passé qui fournit à François Hartog sa définition de l'histoire. Pas capable, le lecteur n'est pas capable. C'est très bon.

Robin des Bois provençal, Arsène Lupin des Lumières, sympathique Mandrin, Gaspard de Bouis (cf. des précisions sur la manière correcte de prononcer, p.8) est d'abord un fils de paysan ici dégourdi, là pas bien dégrossi, qui se laisse entrainer par l'aventure un peu à son insu, à Marseille, quand il est soulagé de l'argent que son père lui a confié par une bande de jeunes roublards sans scrupule. Des scrupules, Gaspard, un peu juvénile, en a assez pour ne pas rentrer. Il fait son apprentissage de bandit, et la suite comporte son lot de péripéties, de jeunes femmes séduisantes, d'allusions historiques, de rebondissements saisissants. Et cela sent si bon la Provence qu'une traduction en anglais ferait oublier le Da Vinci Code aux Américains.

L'écriture est dépouillée et savante. Les nombreux dialogues ne servent pas uniquement à donner un rythme enlevé aux aventures du héros, mais, jouxtant de nombreuses lettres reproduites en italique, sont ici au service d'une écriture expérimentale qui participe de cette ambiguité des genres déjà signalée : tandis que les dialogues nous mettent dans le roman à peu de frais, les reproductions en italique évoquent le genre littéraire de la thèse d'histoire, comme les notes de bas de page qui jalonnent le texte pour traduire du provençal, mentionner la première apparition d'un mot dans le dictionnaire, citer une pièce d'archive... Le lecteur en est presque tenté de saluer les mises au point au présent historique, mais de regretter l'absence de cartes en annexe ! La richesse du vocabulaire invite parfois (mais suffisament rarement) le lecteur à consulter le Trésor Informatisé de la Langue Française. L'ironie, qui envahit souvent les limbes séparant le narrateur historien-romancier des personnages, affleure souvent au franc comique. On retrouve, enfin, les valeurs de travail, de structure, de jeu, dans ce seul roman publié par le poète oulipien Bens.

Y eut-il des contraintes à l'oeuvre dans le procès d'écriture ? Si oui, elles sont – comme elles sont censées l'être toujours – discrètes. Quelques lourdeurs ici et là sont vite oubliées, et diluées dans le flot du texte. Gaspard le Bandit est à la fois un roman agréable et un texte très réussi, puisque sans heurt il développe différents niveaux de sens qui trouveront à se réaliser dans différents types de lecture et de lecteurs. On peut le lire pour rêver, pour rêvasser, pour sourire, pour se marrer, pour penser, pour en faire une recension. On se demande parfois si tout cela n'a pas été organisé à l'avance. C'est très bon, décidément...


David-Jonathan Benrubi
( Mis en ligne le 17/03/2006 )
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