| Samuel Benchetrit Chroniques de l’asphalte 2/5 Julliard 2007 / 18 € - 117.9 ffr. / 252 pages ISBN : 978-2-260-01679-3 FORMAT : 13,0cm x 20,5cm
Publication : 20/08/2007.
Lauteur de larticle : Arnaud Genon est docteur en littérature française, diplômé de lUniversité de Nottingham Trent (PhD). Membre du Groupe «Autofiction» ITEM (CNRS-ENS), cofondateur du site http://herveguibert.net/, il est aussi l'auteur, chez l'Harmattan, de Hervé Guibert. Vers une esthétique postmoderne (2007). Imprimer
En 2005, Samuel Benchetrit, auteur du déjà remarqué Récit dun branleur (Julliard, 2000), publiait le premier tome dun «projet tout à fait déraisonnable : raconter, en cinq livres, les trente premières années de sa vie». Ce premier opus des Chroniques de lasphalte 1/5, sous-titré «Le temps des tours», sorte de roman initiatique postmoderne, avait déjà séduit par sa fraîcheur, son humour, par son apparente légèreté, par son style oral
Chroniques de lasphalte 2/5, «Larrivée à Paris», en est la suite. Alors que le tome inaugural était divisé en chapitres qui correspondaient aux différents étages et lieux dune tour dans laquelle vivait le narrateur («Hall», «cave», «6e étage»
), ce deuxième volet use du vocabulaire photographique (le nombre de ASA qui déterminent la sensibilité du film) pour nommer les chapitres : ainsi commence-t-on avec le «Premier boulot/Premiers symptômes. 25 ASA» pour terminer avec «The end. 6400 ASA». Ce que lon comprend alors outre le fait que le narrateur se trouve être apprenti photographe cest que chaque chapitre se fait léquivalent dun cliché, et que le livre tend vers lalbum dans lequel les épisodes clés de la vie du narrateur sont consignés.
Mais plus que le récit de sa propre vie, le narrateur (qui porte le nom de lauteur) sattache à peindre le portrait des personnes quil croise. Et lalbum, il est vrai, demeure coloré, de même que le trait du portraitiste sait être, dans un même mouvement, vif et nonchalant. Ainsi «le Bench», comme le surnomment certaines personnes de son entourage, fraîchement sorti de sa banlieue pour mener à bien, à Paris, son apprentissage en photographie, est amené à rencontrer des personnages loufoques, voire inquiétants tel «lhomme chien» qui entretient des relations étranges avec sa voisine ou «la plus vieille femme du monde» (après Jeanne Calment) qui, à 113 ans, a encore une sexualité pour le moins débridée
A côté de ces épisodes parfois crus, mais dune crudité plus naïve que perverse (le narrateur a entre 15 et 18 ans dans ce deuxième volet), sont narrés des événements touchants, remplis dune nostalgie pure, simple et dénuée dartifice. Ainsi, sera évoquée la mort de lami Karim, victime dune overdose. Plus loin, le récit de la soirée des 18 ans du narrateur, en compagnie de Sabrina, travesti qui tapine en bas de chez lui apparaît comme une épiphanie : «Elle avait été
comment dire
mon cadeau danniversaire. Ma petite Marilyn». Dans ce récit, qui plus que de lautobiographie pourrait relever de lautofabulation (tant certaines situations nous paraissent invraisemblables) ce qui compte, on laura compris, cest lAutre. Parce quétrange, différent, un peu fou, méchant ou tout simplement humain
A la lecture de ces «chroniques», on pensera de loin et sur le mode mineur, aux romans dinitiations, aux romans picaresques
Certes, cest plus léger
mais sûrement plus amusant.
Arnaud Genon ( Mis en ligne le 03/09/2007 ) Imprimer
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