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Corps dissipé
Hervé Algalarrondo   L'Archer du pont de l'Alma
Grasset 2008 /  16.90 € - 110.7 ffr. / 240 pages
ISBN : 978-2-246-72991-4
FORMAT : 13,5cm x 21,0cm
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Mais qu’arrive-t-il à ce parisien de 35 ans ? Mari impliqué et fidèle, père attentif et joueur, salarié consciencieux et discret, il est doté d’une personnalité qui s’articule parfaitement avec les caractéristiques ordinaires et pâles du mâle moyen. Quelques lointains désirs qui surgissent subrepticement à l’approche d’un jupon sur le trottoir d’en face, des prémisses de lassitude étouffés avant même qu’ils ne se transforment en remises en question, des rêves devenus presque poussiéreux tant ils ont été depuis fort longtemps remisés dans les profondeurs de l’inconscient… Toute la panoplie d’une vie dominée par la maîtrise de soi.

Et voilà qu’un jour, le corps de notre trentenaire se rebelle. Un de ses pouces qui se loge dans sa bouche, et au fur et à mesure tous les membres, un à un, s’expriment en toute liberté. Ce corps dissipé qui semble vouloir lui échapper le conduit à une profonde errance puis à une acceptation de cette domination corporelle. Mis ainsi au pied du mur, il ne peut qu’affronter la réalité de sa personnalité authentique. Ce chamboulement va le mener à vivre des actes excessifs, insupportables, nonchalants, durant lesquels, la conscience tentera de lutter contre ce corps si capricieux.

Le thème de la précarité de l’identité associé à l’intrigue policière est amené par Hervé Algalarrondo difficilement dans un premier temps. L’introspection et le dialogue intérieur du personnage sont lassants d’anecdotes sans originalité ; elles disséminent dans l’enchaînement des évènements un manque d’envergure, durant les 70 premières pages. Par contre, dès que l’arc entre en scène, le roman prend de l’étoffe, s’amuse de paradoxes, s’enrichit de confrontations, de mystères. L’écriture du romancier, incisive, esthétique, retrouve, alors, toute sa verve et permet au lecteur de suivre avec grand intérêt le lent lâcher prise de notre héros.


Frédéric Bargeon
( Mis en ligne le 04/05/2008 )
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