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Inéluctablement seule
Sylvia Rozelier   Je partirai, je pars toujours
Le Passage 2008 /  15 € - 98.25 ffr. / 176 pages
ISBN : 978-2847421200

Date de parution : 28/08/2008.
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Le temps du roman s'écoule au rythme de celui du couple, Judith et Yann. Infiniment long, avec des phrases qui tournent et retournent sur elles-mêmes, car l'intimité devient vite une île, perdue. Il faut reprendre les mots, les pousser dans leurs retranchements en les multipliant, en les confrontant, pour sortir de l'éternité affable dans laquelle ils se sont réfugiés au bout de cinq ans d'amour, et donner de la réalité aux gestes, aux décisions. Judith, dont on suit les déambulations intérieures, est prise d'une forme de vertige devant son impossibilité à changer le cours des choses. Leur premier soir, elle a prévenu Yann : «Je partirai, je pars toujours».

Yann a continué de l'aimer, avec patience, l'a prise comme une énigme, un cadeau fragile, alors même qu'elle ne s'abandonnait jamais entièrement, définitivement. Le plaisir absolu était cueilli au jour le jour, la tendresse déposée dans chaque attention. Pas de capitalisation du bonheur, ni de projection dans le futur. Et là, cinq ans après, Judith veut enfin sortir du silence affectif dans lequel elle s'est murée : Yann ne porte peut-être plus le couple avec la force nécessaire pour deux ; ou peut-être que si, qui sait. Elle, en tout cas, ne sait pas. Sauf que la parole ne se laisse pas apprivoiser si facilement, et lorsque Judith décide d'amener «son fiancé», ainsi qu'elle le présente à ceux qui lui tiennent lieu de famille, à la Gatière, sa maison au bord de la mer, elle a misé quitte ou double. Elle n'y avait jamais amené personne. Comprendra-t-il l'ultimatum qu'elle leur pose, loin du langage verbal ?

Par-delà la résolution d'une histoire d'amour, une réflexion sur la solitude indépassable au sein du couple. On n'est jamais aussi seul que lorsqu'on est deux. Cette vérité, c'est celle qui envahit Judith, perdue quand pour la première fois de cette longue relation elle voudrait communiquer, donner du sens à leur cohabitation, se rendant compte qu'il est peut-être trop tard.

Pour en parler, Sylvia Rozelier s'emploie à retranscrire dans l'écriture la fausseté de la situation, avec par exemple le recours à un narrateur extérieur, qui pourrait donc correspondre à la réalité d'un couple, chacun étendant son existence au-delà de son expérience individuelle, à ceci près que ce narrateur suit les pensées de Judith et elles seules. Ce que ressent Yann, on l'envisage depuis les hypothèses de Judith. Souvent, les phrases s'enchaînent sans verbe conjugué, comme échappant à la volonté de la jeune femme, les sensations se télescopant dans son esprit sans qu'elle n'y puisse rien. La vie sexuelle du couple est présentée dans le roman comme un substitut aux mots et les descriptions crûes qui s'ensuivent permettent justement à ce narrateur si proche de Judith de se passer de conceptualisation, de ne pas mettre certains mots sur leur relation. Le lecteur est invité à être aussi désorienté que cette amante envahie par le doute et les souvenirs. Elle non plus ne connaît pas l'intégralité de ses pensées.

Il s'agit d'un ouvrage de qualité, et l'on ne peut dénier à l'auteur une certaine virtuosité ainsi qu'une réelle capacité à émouvoir. On regrettera simplement l'abus, de temps à autre, de sophistication du texte, qui semble presque trop pensé ; entre Nouveau Roman et confession sentimentale, il balance, entraînant son public dans une troublante incertitude.


Aurore Lesage
( Mis en ligne le 29/08/2008 )
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