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| Littérature -> Romans & Nouvelles |
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Plaisir anal, plaisir tout court | | | Pierre Bisiou Enculée
Stock 2008 / 15.50 € - 101.53 ffr.
ISBN : 978-2234061705
Date de parution : 20/08/2008.
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Êtes-vous sensible ou hermétique à la sodomie dans l’amour ? La question est à se poser avant de parcourir ce roman au titre plus qu’explicite. Ou alors, une sournoise curiosité mêlée d’un voyeurisme assumé seront les coquines motivations qui guideront l’envie de découvrir le premier roman de Pierre Bisiou.
L’entrée dans le monde des plaisirs sexuels se fait sans détour dès les premières phrases. Voici donc un hymne à la sodomie, pratique presque revendiquée dont les moult détails interpellent les sens visuels, auditifs et kinesthésiques jusqu’à l’épuisement. Le lecteur est plongé dans ces plaisirs où l’anus est forcément l’organe corporel le plus sollicité. Et comme une mélopée de l’acte sexuel, les corps sont érigés comme les détenteurs de la jouissance absolue guidée par les motivations de l’esprit, donneur d’ordre du désir. Entre pulsions et pensées construites, Enculée, met en scène une jeune femme et un homme plus âgé (semble-t-il) qui, le temps d’une nuit, se donnent l’un à l’autre dans une outrance sans bornes.
Les fantasmes féminins se mêlent à l’assurance masculine menacée malgré tout par des doutes. Ces derniers, par de brèves apparitions, donnent une connotation profondément existentielle à leurs ébats. Les mots sont crus, les actes sont à la fois sensuels et bestiaux mais l’auteur, à travers le regard de l’homme, pointe du doigt la fragilité qui subsiste lorsque deux corps et deux êtres s’unissent. Comme si la proximité et l’intimité mettaient les individus face à leurs propres peurs. Alors, la subtilité de la pénétration et de tous les préliminaires (de la fellation au cunnilingus, du baiser langoureux à l’anulingus) ne peut exister concrètement que dans la capacité de chaque partenaire à recevoir et à donner, à être authentique. Cet échange épuisant et magique permet de casser les barrières de la honte, de la culpabilité et installe momentanément une impression de confiance.
Le narrateur et sa partenaire sont délicats, violents, obsessionnels, hédonistes, imaginatifs et semblent habités de cette fièvre amoureuse qui exalte puis éloigne, repoussant les notions du temps. Ils font l’amour avec la même importance que s’ils voulaient éviter la fin de leur histoire, la froideur de l’habitude, la mort, comme si à chaque pénétration et à chaque jouissance, ils se réfugiaient dans cet îlot de bien-être presque cinématographique, les protégeant de dangers extérieurs et intrinsèques.
Sans lubricité, sans perversion, Pierre Bisiou réussit un roman intime et simple. Sa façon de parler de la sexualité comme d’une activité normale imposant une réelle part d’engagement et d’honnêteté donne à son premier roman une intensité courageuse et audacieuse.
Frédéric Bargeon
( Mis en ligne le 20/08/2008 )
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