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Littérature  ->  Biographies, Mémoires & Correspondances  
 

Mon très cher faire-valoir...
Jules Barbey d'Aurevilly   Lettres inédites à Trebutien - 1835-1858
Bartillat 2018 /  25 € - 163.75 ffr. / 220 pages
ISBN : 978-2-84100-628-1
FORMAT : 13,5 cm × 20,0 cm

Philippe Berthier (Compilateur)
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. "J'ai le remords que doivent avoir les prostituées. Or ma prostitution est la plus honteuse de toutes, car livrer sa pensée à des sots, c'est de la bestialité" (Barbey d'Aurevilly, 8 novembre 1857)

Petit événement dans la correspondance générale (publiée en 9 volumes) de Barbey d'Aurevilly (1808-1889) : quelques lettres supplémentaires envoyées à Trebutien ont été retrouvées. Cette édition propose de les révéler après l'énorme volume publié en 2013 par Bartillat (1300 pages). S'il est mentionné 1835-1858, c'est l'année 1857 qui compose l'essentiel de cette correspondance inédite, c'est-à-dire l'année qui précède la rupture entre les deux hommes.

Rappelons que Trebutien (1800-1870) fut en premier lieu libraire et éditeur de Barbey. Entre eux, 26 ans d'amitié et plus de 800 lettres échangées. Mais l'écrivain, qui voyait dans cette correspondance le moyen d'une œuvre importante dans sa carrière, a semble t-il exploité les talents épistolaires de son confident en se servant de lui comme faire-valoir. Il ne reste plus aucune trace des lettres de ce dernier, laissant Barbey seul et unique acteur de cette échange, devenu une sorte de monologue. Qu'a fait l’écrivain malotru des lettres de Trebutien ? Ce dernier, au contraire, a recopié deux fois les lettres du grand écrivain en vue d’une publication.

En cette année 1857, Barbey a déjà publié Une vieille maitresse, L'Ensorcelée ainsi que quelques essais et recueils de poèmes. La critique littéraire l'occupe grandement, lui permettant aussi de vivre de sa plume. C'était l'époque bénie où la littérature resplendissait, où les romans qui paraissaient en feuilleton se vendaient comme des petits pains. Barbey était servi ! Il avait pour œuvres à commenter Les Fleurs du mal et Madame Bovary. Il y a 150 ans, Baudelaire et Flaubert étaient conduits devant les tribunaux pour outrage aux bonnes mœurs et à la morale publique et religieuse. Aujourd'hui, ce sont deux œuvres classiques étudiées à l'école. Barbey défendit bien évidemment ses compères de la même façon qu'il se serait sans doute insurgé devant l'abêtissement généralisée de notre époque. L'écrivain est là pour tirer la sonnette d'alarme et soutenir les collègues ostracisés par le système.

Outre l'éloquence, la saveur d'un style enjoué et imagé, cette correspondance à sens unique permet une fois de plus de s'intéresser au quotidien (fait de lectures, de solitude, de grippes (!) et de mondanité) d'un écrivain dont la vie s'écoule dans l'écriture. Barbey loue son camarade, écrit pour lui - Cyrano avant l'heure - des lettres d'amour pour séduire une femme ; enfin, il conte les diverses intrigues qui occupent son esprit de libertin catholique. Des amours contrariés, des camarades qui décèdent subitement, une amitié qui va se briser d'un coup (en témoigne cette étrange dernière lettre, brève et distante, qui contraste avec les centaines qui précèdent), et une vie vouée à la littérature ; voilà ce qui compose cet échange épistolaire entre deux hommes érudits de leur temps.

Pour les amoureux de la langue du XIXe siècle, ce nouveau chapitre inédit ne déplaira pas. Pour les profanes, il instruira. Un style inimitable en lequel on reconnait immédiatement Barbey, homme diablement doué et intelligent qui écrivait ses lettres à la manière de ses romans, eux aussi... diaboliques.


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 23/11/2018 )
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