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| Littérature -> Biographies, Mémoires & Correspondances |
| John Steinbeck Jours de travail - Les journaux des Raisins de la colère
Seghers 2019 / 19 € - 124.45 ffr. / 419 pages
ISBN : 978-2-232-12983-4
FORMAT : 13,2 cm × 19,8 cm
Pierre Guglielmina (Traducteur)
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. "Terminé ce jour - et, mon Dieu, j'espère que c'est bon" - John Steinbeck, 26 octobre 1938.
John Steinbeck (1902-1968) est un immense et prolixe écrivain américain. Prix Pulitzer pour Les Raisins de la colère (1939), prix Nobel de littérature en 1962, des romans adaptés au cinéma, des succès littéraires, des classiques indémodables - Des souris et des hommes (1937), À l'est d'Éden (1952), Tendre jeudi (1956) mais aussi des essais, des reportages de guerres, des scénarios, des journaux... Il faut lire et relire John Steinbeck.
Publié initialement en 1982 mais traduit pour la première fois cette année en français, Jours de travail est le journal de l'écriture du grand roman de Steinbeck, Les Raisins de la colère. Du 1er juin au 26 octobre 1938, le romancier écrit son chef-d'œuvre ("son truc", comme il le répète tout au long du livre) et commente son avancée dans un carnet qu'il tient à jour. Ce document a un triple intérêt : il est inédit en France, il permet de voir comment un créateur construit une œuvre, il renseigne sur l'état d'esprit et la biographie d'un artiste. Car Steinbeck doute, du début à la fin, mais il se donne des contraintes strictes de travail qui lui permettent de ne pas abandonner son projet. L'obsession des horaires, de la solitude, du nombre de mots (en cela l'écrivain est un artisan comme un autre), de son état de santé.
Parallèlement, il rencontre des amis (dont Charlie Chaplin avec lequel il débat sur le communisme), achète un ranch, commente le début du conflit mondial (qu'il croyait peu probable), et tombe amoureux de Gwyn Conger pendant que sa femme Carole tape à la machine le manuscrit en lui suggérant le titre qu'il approuvera avec enthousiasme. On est frappé par le fait que Steinbeck, même en souffrant d'un travail harassant, a conscience de fabriquer un chef d'œuvre ; en même temps, tel l'ouvrier rechignant sur son statut, il se plaint du côté infranchissable d'une telle entreprise littéraire. Effectivement, le journal continuant de 1939 à 1941, on sait que livre lui permet une certaine stabilité financière. Il sera vendu à 14 millions d'exemplaires dans le monde !
Ces ''jours de travail'' montrent toute la force et la générosité de l'écrivain américain. Proche de la nature, des gens authentiques, de la solitude nécessaire à une existence intérieure, Steinbeck, par petites touches lucides et sensibles, commente ce qu'est le travail ascétique de l'écrivain qui croit au pouvoir des mots dans une langage populaire. Ce recueil inédit doit donner envie à tout lecteur d'entamer cette œuvre riche et intense, notamment en se plongeant dans les Raisins de la colère que John Ford adaptera pour le cinéma deux ans plus tard.
L'ouvrage est complété d'une série de notes qui renseignent sur les noms et lieux évoqués par Steinbeck, et propose quelques documents sur la réception des Raisins de la colère.
Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 15/02/2019 )
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