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| Littérature -> Essais littéraires & histoire de la littérature |
| Jean-Luc Coatalem Je suis dans les mers du sud - Sur les traces de Paul Gauguin
Grasset 2001 / 19.33 € - 126.61 ffr. / 324 pages
Prix des Deux-Magots 2002
ISBN : 2-246-58-561-9
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Les plus grandes quêtes tiennent parfois à un signe de la vie en apparence dérisoire. C’est l’expérience que fit l’écrivain voyageur Jean-Luc Coatalem à l’acquisition en salle des ventes de la photographie d’une Anglo-Polynésienne, prise à la fin du XIXe siècle. Intrigué par cette énigmatique vahiné, l’auteur découvre que l’on doit à Gauguin le portrait mortuaire du fils de l’intéressée. Comment ce peintre au pinceau indolent et chatoyant a-t-il pu en venir à pareille entreprise ? Aussitôt, voici notre enquêteur parti sur les routes de Hollande, à la recherche de ce portrait.
Il est vrai qu’ayant en commun avec l’artiste une enfance polynésienne et un attachement à la Bretagne et à l’Amérique latine, Coatalem, fin connaisseur d’une œuvre qu’il poursuit au gré de ses nombreuses escales, était tout désigné pour percer à jour cette personnalité tumultueuse. Car, en définitive, qui était le vrai Paul Gauguin ? Un homme d’affaires éclairé, figure reconnue des cercles parisiens ? Un père indigne délaissant sa famille en Europe ? Un morphinomane halluciné ? Ou bien un sage réconcilié avec l’essence de l’homme ?
Ce pèlerinage littéraire et pictural, l’auteur l’entreprend avec une frénésie peu commune. Sur les "traces évaporées" du maître, il file des Pays-Bas au Danemark, de Pont-Aven à Arles où le peintre vécut avec Van Gogh et du Panama à Tahiti, glanant témoignages, lettres et indices avec, en tête, les 638 références du catalogue Wildenstein.
Dès lors, en symbiose avec le parcours du petit-fils de Flora Tristan, il dévoile les moindres méandres de son existence : une enfance péruvienne, un passage dans la marine, dans le cénacle des courtiers parisiens, auprès des insurgés espagnols, sur le canal de Panama. Ses cinq enfants aussi, nés de son union avec une Danoise qui grandissent au milieu d’une collection de toiles impressionnistes, régulièrement augmentée d’œuvres d’un père qui, pour faire le tour de ses multiples talents, est aussi habile au cor de chasse qu’à la plume, au toucher des instruments à cordes qu’à celui du fleuret. Puis vient le temps du fantasme polynésien qui pousse Gauguin, à trente-cinq ans, à organiser la vente de ses toiles à Drouot pour financer son départ vers ce dernier éden où l’homme, en osmose avec une nature amie, laisse resurgir son âme primitive. Tout au service de son art, il y endure pauvreté, maladie et insidieuse solitude, mais y trouve son accomplissement.
De ce voyage tant désiré, Coatalem tire des passages éblouissants dans lesquels le lecteur, en dépit du pathétique portrait qui lui est dressé, plonge avec délice. A tel point que, laissant Gauguin reposer dans son île, il adhère à son rêve de béatitude retrouvée.
Jeanne de Ménibus
( Mis en ligne le 06/12/2001 )
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de Daniel Wildenstein | | |
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