| Paul Auster La pipe d’Oppen, Essai, discours, préfaces Actes Sud - Lettres anglo-américaines 2016 / 18,80 € - 123.14 ffr. / 185 pages ISBN : 978-2-330-05788-6 FORMAT : 14,5 cm × 24,0 cm
Céline Curiol, Christine Le Boeuf, Emmelene Landon, David Boratav (Traductions) Imprimer
Préfaces, articles, discours, interview ou mélanges hommages, les divers textes qui composent ce recueil ont généralement été écrits dans les années 2000. Paul Auster y partage avec générosité ses admirations, ses amitiés, et nous fait entrer assez loin dans son atelier décrivain.
Hommage à des écrivains américains tout dabord, et au premier rang, George Oppen, figure tutélaire de la poésie américaine, disciple de William Carlos Williams, avec qui Auster avait noué une véritable amitié. Nathaniel Hawthorne aussi, immensément admiré par Auster, mais présenté ici pour un aspect bien moins connu de son uvre qui nous permet de rentrer dans lintimité dun écrivain généralement présenté comme sauvage et sévère. A lété 1851, Sophia, la femme dHawthorne, part avec ses deux filles chez ses parents, son mari restant seul dans leur maison à la campagne, avec leur fils, Julian, 5 ans. Jour après jour, Hawthorne consigne dans un cahier les faits et gestes de la journée et limmense tendresse naturellement teintée de pointes dimpatience, plus tard publiés dans la septième section des Carnets américains sous le titre de Vingt jours avec Julian et petit lapin, selon Papa. Rédigeant une préface pour la publication à part de ces cinquante pages (en français chez Actes Sud, en 2003), Auster révèle cette capacité dHawthorne à révéler le mystère changeant de lenfance dont la signification apparaît, éphémère et comme par surprise, aux yeux dun observateur aimant.
Auster a passé plus de trois ans à Paris, au début des années 1970, alors quil a une vingtaine dannées. Grâce au poète Jucques Dupin, galeriste et expert de Joan Miro, quil traduit et qui fait preuve à son égard dune générosité incroyable, il rencontre une partie de ce que Paris compte de poètes et qui feront de lui «le plus européen des écrivains américains». Les souvenirs de ces rencontres, prémisses damitiés durables, paraissent autant de moments fondateurs pour lapprentissage du jeune auteur, poète dabord. Tous ces auteurs, Dupin, Reverdy, André du Bouchet, Robbe-Grillet, mais aussi Perec ou même Beckett, semblent lavoir aussi marqué de leur empreinte, par leur exigence, une vie dédiée à la littérature, sans renoncement ni compromission.
Tant de figures évoquées, damitiés vivifiantes, se mêlent au récit du travail créatif dAuster, de son passage de la poésie au roman, de lélaboration des fictions au travail décriture. Un recueil stimulant, donc, où Auster se dévoile, révèle ses admirations avec pudeur et modestie et entrouvre au lecteur la porte de son laboratoire à fictions.
Amélie Bruneau ( Mis en ligne le 09/05/2016 ) Imprimer
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