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Le bruit et la fureur
Robert Penn Warren   Tous les hommes du roi
Monsieur Toussaint Louverture 2017 /  13,50 € - 88.43 ffr. / 636 pages
ISBN : 979-10-90724-38-9
FORMAT : 13,2 cm × 19,0 cm

Pierre Singer (Traducteur)

Michel Mohrt (Postfacier)

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Un très beau roman, foisonnant, bien écrit (et bien traduit par Pierre Singer), de Robert Penn Warren (1905-1989), poète, critique, universitaire et romancier américain méconnu en France. Seul écrivain à avoir reçu à trois reprises le prestigieux prix Pulitzer, dont l’un pour Tous les hommes du roi, Robert Penn Warren mériterait une meilleure reconnaissance dans un pays dont le public aime la littérature américaine. En reprenant son titre originel (All the king’s men et non Les Fous du roi, titre souvent utilisé dans les éditions françaises), les éditions Monsieur Toussaint Louverture proposent de retrouver ce grand roman, avec une postface écrite par Michel Mohrt en 1950. Les «hommes» sont plus proches d’ailleurs de la notion de vassalité et de fidélité qui unit les différents personnages autour du personnages central : Willie Stark, homme politique populiste - d’aucuns diront démagogue - dans le Sud des Etats-Unis et la crise des années trente.

Publié en 1947, le roman reprend comme trame l’histoire de Huey Long, tribun des années 1930. Mais peu importe que les lecteurs reconnaissent derrière la figure du Boss, Willie Stark, la silhouette de Huey Long. C’est de tout autre chose que nous parle Robert Penn Warren dans ces pages inspirées, qui, à pas lents, emmènent le lecteur dans le marigot peu édifiant de la vie politique d’un état du sud, et analysent, surtout, la nature humaine, les liens mystérieux qui se nouent entre les hommes, l’admiration, l‘amour, la cupidité, la simple survie.

Sur tout le roman plane de façon explicite la question du Bien et du Mal. Ici, le Mal - ou le Destin - ne prend pas la forme de la mythique baleine blanche que poursuit dans son épopée vengeresse le capitaine Achab : l’Amérique est sortie de l’âge des légendes. Destin et Mal s’incarnent dans un minable truand, dans une belle/laide irlando-américaine à la tignasse indomptable...

L’Histoire se répète en bégayant, celle des oncles du narrateur, Jack Burden, qui rejoint celle de Jack Burden, qui pourtant, en dépit des échecs, marche vers la rédemption, en choisissant l’Histoire de préférence à l’action, nécessairement vouée à l’échec ou du moins à la corruption, en choisissant aussi de se démarquer du camp du Mal.

Plus de six-cent pages d’un récit foisonnant construit comme un film américain de la grande époque hollywoodienne (souvent, des images en noir et blanc s’imposent au lecteur). Le cinéma d’ailleurs ne s’est pas trompé à la force de cette écriture en adaptant à plusieurs reprises le roman. Mais aucun scénariste n’a pu rendre la riche complexité de la société de Tous les hommes du roi. Si Bien et Mal constituent les deux pôles du récit, aucun personnage n’est clairement d’un côté ou de l’autre, mais, comme dans la vie, comme dans l’Histoire, évolue entre les deux, ballotté au gré des événements, des accidents, des envies.

L’un des personnages, l’oncle, mort pendant la Guerre de sécession, avait noté dans son journal : «Car tous les hommes viennent au monde nus et chacun d’eux, dans la prospérité, se destine au mal, comme l’étincelle se destine à rejoindre à rejoindre le ciel». Une des références de plusieurs personnages est la Bible, ciment culturel de la société américaine, dans la descendance lointaine des Pilgrims Fathers. Un autre grand pôle : l’Ouest, mythique, vers lequel un moment s’enfuit le narrateur… Mais le cœur du roman est le Sud, le souvenir persistant de l’esclavage, tare originelle, l’opposition entre les aristocrates - monde auquel appartient Jack Burden - et les «péquenauds», univers de Willie Stark.

Un roman fascinant sur la nature humaine, sur l’Amérique en crise des années trente (encore que la crise soit somme toute peu évoquée), d’un des très grands romanciers américains, dont on aimerait, ce livre refermé, que ses autres ouvrages soient réédités.

Des heures de lecture dont on ressort un peu groggy, en rêvant peut-être d’autres fins pour ces personnages dont on vient de partager les ambitions, les espoirs, les déceptions. Comme souvent chez les romanciers américains, Robert Penn Warren embrasse le monde, mêle les genres, ose tout, affronte à mains nues la réalité et en fait... de l’art.


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 08/12/2017 )
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