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Le premier Richard Brautigan : trois romans 1961-1964
Richard Brautigan   Un général sudiste de Big Sur
Christian Bourgois - Titres 2018 /  8 € - 52.4 ffr. / 187 pages
ISBN : 978-2-267-03101-0
FORMAT : 10,8 cm × 17,8 cm

Marc Chénetier (Traducteur)

Voir aussi :

- Richard Brautigan, La Pêche à la truite en Amérique ; Sucre de pastèque, Christian Bourgois (Titres), Septembre 2018, 361 p., 10

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Richard Brautigan (1935-1984) est l'un des derniers représentants (bien que périphérique) de la Beat Generation instiguée par Jack Kerouac au début des années 50. Entre libération sexuelle, pacifisme, ultra-gauche et redécouverte de l'Amérique profonde, l'auteur de La Pêche à la truite en Amérique s'accommode de ses diverses influences en ralliant une combinaison inédite : celle de Lautréamont et William Burroughs, c'est dire l'originalité de son œuvre. Il est clair qu'à la lecture de ces trois romans (que l'on peur ranger dans la première période littéraire de l'auteur), on retient essentiellement l'aspect métaphorique et libertaire du projet. Entre fiction absurde et poésie en prose, Brautigan démontre également que le genre romanesque permet des libertés narratives surprenantes.

Si Un général sudiste de Big Sur (peut-être le roman le plus réussi des trois) parait en premier, il a été écrit après La Pêche à la truite en Amérique qui est le seul grand succès de Brautigan, celui qui lancera sa carrière littéraire malheureusement irrégulière, suite aux échecs des livres suivants. Brautigan, d'une écriture presque simpliste, conte l'histoire de personnages pittoresques proches de la nature (la Californie est un personnage central de l'œuvre), vivant de peu, souvent dans l'illégalité, en communauté ou en couple, et dont les aventures, simplistes elles aussi, confèrent à la fable burlesque une vision métaphorique de l'homme dépendant de situations totalement absurdes, voire loufoques. La fameuse rencontre surréaliste d'une machine à coudre et d'un parapluie sur une table de dissection, Brautigan l'applique au pied de la lettre, faisant de la pêche à la truite en Amérique puis du sucre de pastèque des sortes de paraboles redondantes, proches de personnages vivants qui parcourent en permanence chaque récit (dans sa jeunesse, l'homme était féru de pêche, autant par plaisir que par nécessité !).

Chacun de ces textes commence de manière assez sage et raisonnée pour finir par un festival d'absurdités et d'incohérences que cultive avec fougue et croyance l'écrivain américain (au risque de paraitre parfois un peu "lourd"). En cela, Brautigan est presque un écrivain existentialiste. "J'imagine que vous êtes plutôt curieux de savoir qui je suis, mais je suis de ceux qui n'ont pas de nom fixe. Mon nom dépend de vous. Donnez-moi le premier nom qui vous passe par la tête. Si vous pensez à quelque chose qui s'est passé il y a longtemps : quelqu'un vous a posé une question et vous ne connaissiez pas la réponse. C'est ça mon nom. peut-être qu'il pleuvait fort. C'est ça, mon nom", écrit-il dans Sucre de pastèque, roman dans lequel l'absurdité habille avec un certain charme la chaleur des relations humaines.

Brautigan désarçonne autant qu'il séduit, bien qu'il semble un peu trop user de son inspiration naturelle et de son aisance stylistique. On abandonne la lecture ou l'on succombe à la générosité d'un auteur-narrateur qui prend plaisir à brosser des portraits de touchants cinglés, notamment l'inimitable Lee Mellon, voyou déjanté au cœur tendre d'Un général sudiste de Big Sur, le roman le plus symptomatique de la pensée de l'auteur. Brautigan a clairement inventé un style qui correspond à un monde qu'il voit sombrer, avec la nostalgie pour les derniers "farmers" américains. Celui des années 60 et sa cohorte de bouleversements sociaux. Ce retour aux sources, mêlé de merveilleux, d'érotisme, de voyoucratie, de poésie, de nature et de bons repas, mérite que l'on redécouvre cet auteur tendre et sulfureux qui a mis fin à ses jours en 1984 à l'âge de 49 ans.

Passés ces trois premiers romans, sa technique romanesque va s'épurer au profit d'une prose poétique plus maitrisée.


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 30/11/2018 )
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