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Littérature -> Littérature Américaine |
| Harper Lee Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur Editions de Fallois 2005 / 19.80 € - 129.69 ffr. / 345 pages ISBN : 2-87706-550-2 FORMAT : 15,5x22,5 cm
Traduit de l'anglais (américain) par I. Stoianova et I. Hausser. Imprimer
Il est des livres que lon aimera toute sa vie. Il est des romans dont on goûte les derniers instants, dont on lit le plus lentement possible les dernières pages. Il est des romans, enfin, que lon savoure au point déprouver de la difficulté, voire de lamertume à ouvrir son prochain livre, tant on pressent quil sera nécessairement moins bon
Lors dune enquête menée en 1991 sur les livres qui ont changé la vie des lecteurs américains, Ne tirez pas sur loiseau moqueur arriva en seconde position
juste derrière la Bible. Un résultat qui tient sans doute à luniversalité du propos qui y est tenu. Scout, la jeune narratrice, raconte avec drôlerie trois années de son enfance au cur de lAlabama. Une période qui verra les changements adolescents de son frère Jem, sa rencontre avec Dill, premier amoureux fugueur, mais surtout la bataille dAtticus Finch, son avocat de père, commis doffice à la défense dun Noir accusé davoir violé une Blanche.
Spectatrice de tous ces événements, Scout apprend du haut de ses 8 ans les règles de la société sudiste américaine très hiérarchisée : au sommet de la pyramide, les familles bourgeoises qui vivent au cur de la cité, savent lire et écrire et dont les femmes shabillent pour boire le thé. Viennent ensuite les cotonniers et autres paysans, frappés de plein fouet par la Grande Dépression qui sévit dans les années 1930. Enfin, tout en bas de léchelle, ceux dont la vie na aucune valeur et qui survivent grâce aux menus travaux que consentent à leur octroyer les grandes familles du Sud américain : les Nègres, comme Scout apprendra à ne pas les appeler, justement.
Au milieu de ce microcosme rural, la narration évoluera dune élégie en lhonneur de la douceur de vivre typique du Sud américain, le paradis enfantin des enfants Finch dans la veine de Faulkner à un récit initiatique qui confrontera la jeune Scout aux préjugés, au racisme et à toutes les failles de cette belle société sudiste. Dans les dernières pages du roman, Scout avouera finalement, reconnaissance de son apprentissage : «En rentrant à la maison, je pensais que Jem et moi allions encore grandir, mais quil ne nous restait pas grand-chose à apprendre, à part lalgèbre, peut-être.»
Daucuns reprocheront sans doute au roman de Harper Lee son manichéisme américanisant : une critique aisée qui sera sans doute passée à côté de la véritable morale de cette histoire : comme le dit Isabelle Hausser, dans la postface du roman, celle-ci tient à ce que «mal et bien se confondent souvent». Le plus juste est alors de «se garder de juger hâtivement ou de punir en appliquant rigidement la loi».
Sorti en 1961, en pleine époque de lutte aux Etats-Unis pour les droits civiques, Ne tirez pas sur loiseau moqueur a été vendu à plus de trente millions dexemplaires dans le monde. Un succès auquel contribue aujourdhui encore la légende qui entoure la création elle-même du roman, dont le grand Truman Capote dit avec provocation quil en avait écrit les trois quarts
Madame Harper Lee, lauteur avéré, vit aujourdhui dans lanonymat le plus complet entre New-York et lAlabama. Elle na rien publié depuis la parution de son unique uvre, malgré les exhortations de ses plus fervents admirateurs à lintention desquels elle lança simplement par voie de presse interposée à la fin des années 60 : «Jai dit ce que javais à dire».
Anaïs Grassat ( Mis en ligne le 16/08/2005 ) Imprimer | | |
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