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''Le lien, toujours''
Jonathan Coe   La Vie très privée de Mr Sim
Gallimard - Folio 2012 /  8,10 € - 53.06 ffr. / 464 pages
ISBN : 11cm x 18cm
FORMAT : 11cm x 18cm

Première publication française en janvier 2011 (Gallimard - Du Monde Entier)

Traduction de Josée Kamoun

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Pathétique et attendrissant, tel est le portrait que Jonathan Coe nous fait de ce Monsieur Sim, figure contemporaine tragique, anti-héros grimaçant notre modernité. Avec un talent égal, un art du récit dont la simplicité, feinte, autorise une peinture caustique d'une société qui n'est plus celle spécifiquement anglaise et post-thatchérienne de l'ultra-libéralisme, mais, hélas, la nôtre aussi, monde soumis au joug de ce paradigme : "Avions-nous tout à fait perdu l'esprit, ces dernières années ? Avions-nous oublié que la prospérité nécessite un support solide, tangible ? (...) il était clair que nous étions en train de nous planter dans les grandes largeurs, et que démolir nos usines pour mettre des boutiques à la place n'était pas une idée géniale, à l'usage, enfin qu'il n'était guère raisonnable de bâtir toute une société sur du vent".

En suivant ce Monsieur-tout-le-monde, on se suit à la trace, on démasque ses propres contradictions, ses propres fêlures, on descend dans les strates de sa propre tristesse. Certes, Maxwell Sim est aussi cet autre que soi, personnage romanesque exagéré, traits très outrés, un pauvre type qu'on veut plaindre et ne pas aimer : quadra bientôt quinqua, sans emploi, commercial délaissé ayant trouvé dans la vente de brosses à dents à domicile... une nouvelle raison d'être. Un mari divorcé, père mal-aimé par sa fille, fils éloigné d'un père parti aux antipodes. Tout commence et se termine ici en Australie où Max bade une mère chinoise et sa fille, attendri par leur naturelle complicité.

Entre la première page et l'ultime, tout se passe surtout en Angleterre, sur la route, direction le Nord, l'Écosse. Au volant de sa Prius, Max se lie d'amitié avec son GPS, qu'il baptise Emma. Triste Sire. La route incarne le no-man's-land qu'est devenu sa vie : "Les routes étaient là pour qu'on ne rencontre pas les gens, pour ne surtout pas s'approcher des lieux où l'humanité se rassemble. Une formule m'est revenue, une formule que Caroline se plaisait à répéter "Le lien, toujours"".

Mais ce lien, finalement, se tisse, se noue, deviendra corde. L'itinéraire de notre commis voyageur est un chemin de Damas, l'occasion d'une découverte des autres et de soi. Max se raconte, rameute des souvenirs d'enfance, souvent glauques et humiliants. Quelques documents interrompent son récit, une nouvelle autobiographique de son ex-femme, le journal de son père, révélateur d'un secret trop longtemps tu. Pathétique, le dîner avec la fille, jeune adolescente à qui le papa, oublieux du temps qui passe, était venu offrir des crayons de couleurs... Et les retrouvailles avec l'amie d'autrefois, le béguin de sa propre jeunesse, amour jamais éclos, la faute à un caractère veule. "Maxwell Sim, quantité la plus négligeable qui ait jamais vu le jour. (...) Est-ce que c'est en ces termes qu'il faut que je me voie jusqu'à mon heure dernière ? Une nullité ? La racine carrée de moins un ?"

Jonathan Coe nous fait mieux mépriser Max pour qu'on l'aime ensuite plus encore, en suivant son propre cheminement psychologique, d'une certaine haine de soi à la redécouverte. Le roman se clôt sur une mise en abîme qui n'était pas nécessaire, CQFD de trop, peut-être, pour signaler le pouvoir de l'écrivain, évident, d'autant plus évident sous la plume de l'écrivain anglais.


Thomas Roman
( Mis en ligne le 06/07/2012 )
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