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Hippie shaker
John King   Skinheads
Seuil - Points 2021 /  8,10 € - 53.06 ffr. / 416 pages
ISBN : 978-2-7578-8571-0
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm

Alain Defossé (Traducteur)

Première publication française en mai 2012 (Au Diable Vauvert)

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Terry, son fils Lauren (dit Lol), son neveu Ray... trois générations de londoniens, tendance prolo. La vie, c'est conduire un taxi (Terry est le boss d'une entreprise de taxis qui emploie Ray), se retrouver au pub pour boire des bières et jouer au billard, écouter de la musique, disserter entre deux pintes sur le monde qui n'est plus et sur ce qu'il devrait être.

Le point commun : l'univers skinhead... Car Estuary taxi, l'entreprise de Terry, est intransigeante et n'emploie que des skinheads. On embarque donc dans les taxis d'Estuary taxis, et dans le quotidien d'une bande de skins, de 15 ans à la cinquantaine, vétérans de toutes les modes, qui s'accrochent désespérément à une certaine vision du monde et de l'Angleterre, fière de son insularité, de ses pubs et de sa culture urbaine. Une excursion ethnologique et nostalgique.

Reconnu, après un roman sympathique sur le monde des supporters et du hooliganisme (Football factory), comme l'un des chantres du roman social et populaire anglais, John King explore ici une galaxie proche, mais distincte, celle des skinheads. En commençant la lecture, on s'attend donc à un tableau de l'extrémisme politique anglais sur fond de racisme et de bagarres. Or il apparaît qu'en Angleterre, le phénomène skinhead, apparu dans les années 60, est plus complexe et varié. Nés dans les années 60 au sein d'un courant appelé les "mods", les skinhead se définissent par opposition aux hippies, par des musiques (du reggae et du ska à la musique punk, en passant par la musique oï), une série de marques, une longueur de cheveux, un contexte social (le milieu ouvrier), des valeurs plutôt traditionnelles, sans compromission avec la politique : si un fond idéologique existe, il n'affleure guère dans ce roman qui parle plutôt de musique et de mode.

Nick Hornby n'est pas très loin, mais bizarrement, il y a aussi dans ce roman un discret côté Bret Easton Ellis, dans la référence constante aux marques, aux modèles de chaussures, etc., bref à une société de consommation à la fois rejetée et assimilée. C'est toutefois la seule comparaison : le monde des yuppies camés et assassins est bien loin. Dans l'Angleterre de Skinheads, on se boit une bière entre potes, on écoute de la musique en faisant un petit billard, on s'exaspère contre les politiciens et l'Europe, on a quelques accents de nostalgie et on s'interroge sur l'avenir. On vit, on vieillit, on meurt.

Et ce roman a un vrai charme, celui d'une plongée dans une société qui s'accroche désespérément à sa jeunesse : Terry oscille entre son présent - tenir son entreprise, se rêver en patron de pub, et surveiller son fils - et son passé, avec April, sa femme, son premier amour, décédée dans un accident. Terry tente de relancer un pub, à l'ancienne, et de retrouver là sa jeunesse et ses marques, mais il y a la maladie, les soucis. Ray peste contre l'Europe et se souvient de sa jeunesse, de Ray-coup de boule et de ses aventures. Lol se demande si son père se remettra un jour de la mort de sa mère, et s'il acceptera de devenir un adulte. Et puis il y a les autres : Hawkins et ses fantasmes thaïlandais, Angie - l'assistante du patron -, qui fait rêver toute la compagnie... Chacun poursuit un rêve et s'accroche à une identité.

Le roman de John King s'avère très réussi, dans une veine réaliste : un beau roman social qui découvre une société particulière, loin des images et des stéréotypes. Le lecteur chausse ses DM et parcourt avec Terry quarante années de l'histoire de l'Angleterre, non pas celle des Lords, mais celle d'un milieu populaire, d'un quartier de banlieue, de l'après guerre à la crise de l'Euro. Un beau roman, pour qui a envie de se laisser surprendre par un auteur singulier et attachant.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 26/03/2021 )
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