| Véronique Olmi La Nuit en vérité Le Livre de Poche 2015 / 6.90 € - 45.2 ffr. / 257 pages ISBN : 978-2-253-02043-1 FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm
Première publication en août 2013 (Albin Michel) Imprimer
Sappeler Enzo Popov, être en classe de sixième, gros, mou, toujours décalé, avec des joggings noirs et des baskets soldées, ça nest pas facile. Être scolarisé dans un collège chic parce que vous vivez dans un grand appartement derrière le Palais-Royal dont votre mère assure, au noir, lentretien pour de riches propriétaires absents, ne fait quaggraver la situation. Voilà ce quEnzo ne va plus pouvoir supporter tant les humiliations vont se multiplier et blesser, et le jeune garçon, et la relation quil entretient avec sa mère, très jeune encore.
Véronique Olmi nous fait le récit, plein de finesse et dempathie, de cette lente tragédie : le très jeune adolescent supporte sans rien dire le mépris et la cruauté de ses camarades et lauteur analyse très bien les rapports de violence, insidieuse ou franche, que les jeunes entretiennent parfois, ici poussés à leur paroxysme. De ces agressions, lenfant ne dit rien à sa mère avec qui il entretient une relation fusionnelle, pour la protéger dune déception supplémentaire. La nuit, dans le grand appartement aux meubles recouverts de linges blancs, il rêve doublier son quotidien insupportable, cherche à comprendre doù il vient, offre à sa mère un avenir radieux, regarde plus haut et plus loin que ses échecs. Ces moments seraient une vraie réussite, tant lintensité de ces troublants monologues émeut, si lon nétait pas tenté de trouver parfois peu crédible tant de virtuosité dans la bouche dun petit collégien.
On peut être finalement assez déçu aussi par la fin du roman que lauteur semble navoir pas su terminer. La scène finale laisse au lecteur un sentiment agacé : Enzo, que les épreuves semblent, certes, avoir mûri prématurément, couche avec une jeune femme, rencontre de hasard. Là aussi, la vraisemblance en prend un coup dautant quon est vite amené à se demander sil serait possible de présenter une même scène mais de remplacer le jeune garçon de 11-12 ans par une fille du même âge ? Le doute nous assaille
Amélie Bruneau ( Mis en ligne le 16/01/2015 ) Imprimer
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