| Douglas Kennedy Cinq jours Pocket 2014 / 7.30 € - 47.82 ffr. / 440 pages ISBN : 978-2-266-24459-6 FORMAT : 11,0 cm × 17,5 cm
Première publication française en octobre 2013 (Belfond)
Bernard Cohen (Traducteur) Imprimer
Laura : quarante deux ans, un mari au chômage et mal dans sa peau, une déprime persistante et limpression davoir raté quelque chose, dêtre désormais coincée dans une vie assez morne, entre le labo de radiographie et le home pas très sweet. Rien de bien extraordinaire certes, pas de maladie, un fils qui réussit dans ses études et une fille en fin dadolescence
juste une vie supportable, mais pas agréable et dont elle ne voit pas lutilité au final. Et comme les fins de mois sont serrées, un voyage, même professionnel à Boston est une pause que lon ne saurait refuser : pause professionnelle et (même surtout) familiale.
Et à Boston, il y a Richard, la cinquantaine, vendeur en assurances, pas beaucoup plus heureux dans sa vie privée
Entre ces deux-là, sans doute pas des éclopés de la vie, mais des déçus, le courant passe, LA rencontre. Et dans lintervalle de ce séminaire professionnel, un bref moment de bonheur, limpression davoir finalement découvert cet Autre que seuls les héros de romans rencontrent sans difficultés. Serait-ce le moment dun nouveau départ, dune vraie histoire d'amour pour rattraper les échecs précédents ? A-t-on encore le droit dêtre heureux, égoïstement heureux, passés quarante ans ?
Douglas Kennedy, cest une valeur sûre : du roman solide et bien écrit, sans artifices, une histoire bien cadrée autour de la crise de la quarantaine, des désarrois du couple moderne confronté au laminoir de la réalité
Dans ce nouveau roman, on retrouve la patte Kennedy, avec des personnages soignés, une narratrice féminine sans vraiment de visage, mais avec une âme, un univers rétréci à des émotions, dans un décor de petite ville du Maine. ''Desperate housewife'' sans péripétie ni course poursuite ?...
Et comme dhabitude, lauteur brille dans le portrait, non pas triste, mais gris, dune existence qui semble passer à côté de la vie. Dans lécriture de lintrospection, Kennedy se montre efficace, amateur de belles formules et de résumés saisissants. Le désarroi de Laura la rend sympathique dans le sens ancien du terme : on partage sa douleur, ses doutes
Là, Kennedy touche à luniverselle solitude. Puis vient Richard, la rencontre, et là, il maîtrise moins sa narration. Les dialogues sont plaqués, attendus, on senlise dans quelque chose dartificiel et de convenu. Quelques moments de grâce, mais les deux esseulés sont bien verbeux. Non pas que ce soit mal écrit, mais cela sonne un peu faux, trop littéraire pour être honnête
Heureusement, la fin, et le retour à lintrospection, redonnent au roman ce ton un peu crépusculaire qui plaira aux amateurs de lécrivain. Une plongée dans la quarantaine, avec un peu despoir et un final en demi-teinte : le roman idéal pour lautomne.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 01/12/2014 ) Imprimer
A lire également sur parutions.com:La Femme du Ve de Douglas Kennedy Cet instant-là de Douglas Kennedy La Poursuite du bonheur de Douglas Kennedy | | |