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''La littérature est le dépit de la chair''
Camille Laurens   Celle que vous croyez
Gallimard - Folio 2017 /  6,60 € - 43.23 ffr. / 224 pages
ISBN : 978-2-07-271614-0
FORMAT : 10,8 cm × 17,8 cm

Première publication en janvier 2016 (Gallimard - Blanche)
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Camille Laurens, dans son dernier récit (autofictif ?), nous présente une succession de doubles féminins et nous entraîne dans une spirale entre folie, dépression, (dés)amour virtuel, le tout agencé dans une structure à tiroirs.

Tout commence (mais tout n'est-il pas déjà fini ?), par le constat plein d'amertume d'une quinquagénaire célibataire : la vie des femmes est injuste, leur désir, lié à leur pouvoir de séduction, limité dans le temps (avec date de péremption) et leur potentiel amoureux et érotique, dépendants du regard des hommes et de la société.

La diatribe de cette narratrice du XXIe siècle passera donc forcément par le truchement, très rapidement addictif, de la Toile où l'on est tour à tour «araignée» et «moucheron», prédateur et proie, où l'attente fébrile d'un échange permanent et quasi en direct, se double d'un droit de regard et d'un pouvoir de contrôle constant sur la vie de l'autre. La paranoïa n'est pas loin.

Claire Millecam, professeur agrégée de littérature comparée, séparée de son mari, crée un faux profil Facebook dans le but de surveiller son jeune amant Jo. La vie rêvée de son avatar, Claire Antunes, une jolie brunette de vingt-quatre ans, prend peu à peu le pas sur sa réalité. Et le jeu entre monde virtuel et IRL (In real life) peut commencer. Les personnages et les tiroirs de ce roman sont autant de pseudos et de murs de pages Facebook. La relation «fictive» entre Claire Antunes et «KissChris», ami de Jo, semble déjà pour Claire Millecam, «un vrai lien» entre elle et Chris. Psychose, quand tu nous tient...

La spirale des doubles se reflète dans l'écriture même du roman : de celle de(s) Claire(s) : Claire Millecam (déposition à la gendarmerie nationale, rédaction de «Fausses confidences») ou Claire Antunes (messages Facebook), en passant par celle(s) de(s) Camille(s) (anagramme de Millecam), la directrice de l'atelier d'écriture de l'hôpital psychiatrique qui nous livre son «Histoire personnelle» et la lettre à son éditeur, mais aussi l'auteure qui nous livre son récit. La schizophrénie nous guette. Ces dédoublements, jeux de miroir ou profusion d'images virtuelles sont autant de regards et de diktats posés sur la femme par une société ou l'homme peut, lui, à tout âge, «refaire le monde».

L'écriture du roman et dans le roman est centrale et accompagne ou se substitue au désir. Elle sert, après le sexe à «retrouver ce moment-là... car tout ce qui est écrit témoigne» et elle en est, pour la narratrice Camille, la conséquence : «faire l'amour pour pouvoir écrire». Camille, dans son «Histoire personnelle» avoue développer un certain rapport à la langue (principalement) française dans laquelle «elle se vautre» parce que, pour elle, «il n'y a jamais eu de grande différence entre le désir et le désir d'écrire».

Il est évident, aujourd'hui, que les réseaux sociaux avec la prolifération d'images et la multiplicité de profils, illustrent bien ce caractère presque schizophrénique du rapport au désir. Mais cette suite de dédoublements ou de reflets d'une seule et même femme, nous laisse en état de vertige et d'insatisfaction. Il semble au final qu'il n'y ait aucune issue possible dans les relations homme-femme. Les personnages sont un peu (trop) stéréotypés : femme mûre et cultivée truffant ses réflexions de références littéraires, homme plus jeune et tellement banal voire veule qu'on a du mal à désirer le connaître mieux. Le tout effleurant dangereusement la folie ou ses dérivés (psychoses, perversités...).

Le «roman» se clôt sur une dédicace à Nelly Arcan, auteure Québécoise d'autofiction, un genre que Camille Laurens, elle aussi, pratique. Une auteure qui a décrit sans pudeur ses années de prostitution (Putain) et combattu la dictature des images et de l'apparence que subissent les femmes (La Burqua de chair). Elle a mis fin à ses jours en 2009. On retrouve dans le «roman»/histoire personnelle de «Camille» des thèmes traités sans concession par Nelly Arcan : l'attente (synonyme de la mère) et la honte - d'une histoire trop banale ou d'un malentendu.


Sylvie Koneski
( Mis en ligne le 29/05/2017 )
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