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Israël 1.0
Ayelet Gundar-Goshen   Une nuit, Markovitch
10/18 - Domaine étranger 2017 /  8.80 € - 57.64 ffr. / 456 pages
ISBN : 978-2-264-07075-3
FORMAT : 11,0 cm × 17,6 cm

Première publication française en août 2016 (Presses de la cité)

Ziva Avran, Arlette Pierrot, Laurence Sendrowicz (Traduction)

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Yaacov Markovitch est un être insignifiant, inintéressant et ignoré de tous. Sa vie maussade en Palestine mandataire se résume à son activité d’agriculteur dans une communauté rurale, son activité clandestine dans une organisation armée, la lecture de Jabotinsky (le théoricien du sionisme révisionniste) et la fréquentation des prostituées à Haïfa. L'organisation dont il fait partie l'envoie en Allemagne à la fin des années 1930 avec dix-neuf autres jeunes gens pour s’y marier avec vingt jeunes filles juives. Le but de l’opération est de contracter des mariages blancs, afin de permettre à ces jeunes filles de fuir l’antisémitisme, migrer en Palestine et commencer une nouvelle vie.

Yaacov est marié à Bella, une très belle femme que tout le monde remarque, la plus belle femme qu’il n’ait jamais vue. De retour en Palestine, il refuse de lui accorder le divorce. Bella se retrouve malgré elle liée à lui. Tout le roman tourne autour de cette décision cruelle et injustifiable. De nombreux personnages gravitent autour de Yaacov et Bella, les principaux sont leurs amis Sonia et Zeev, elle, une femme indépendante et brillante, lui, son compagnon, un parangon de virilité, membre de la même organisation que Yaacov. Le roman est articulé en trois parties : avant, pendant et après la guerre d’indépendance d’Israël.

Dans son œuvre, Ayelet Gundar-Goshen essaie de comprendre ce qui amène quelqu’un à devenir une personne détestable. Elle cherche aussi à imaginer des gens ordinaires qui ont participé à la création de l’État d’Israël et qui ne sont pas les héros positifs que le mythe national aime mettre en avant. Elle développe dans son récit des personnalités complexes, leurs joies et leurs dépressions terribles.

On peut s'ennuyer par moment. Le désespoir de certains personnages peut affecter au point de vouloir abandonner la lecture. Pourtant, il est difficile de s'en détacher. Le livre peut perturber, on peut le détester tout en restant captivé par les nombreux points de génie du récit, en particulier la richesse des différents personnages, ceux décrits ici et quelques autres que l’on découvre au cours de la lecture. C’est aussi un récit qui nous renvoie au présent, dans un État qui n’est toujours pas en paix, un État dont les héritiers du sionisme révisionniste continuent de réclamer un territoire plus grand que ce sur quoi les instances internationales sont prêtes à s’accorder, un État où le mariage et le divorce sont toujours régis par la religion et où les femmes juives ne peuvent divorcer sans l’accord de leur mari. Surtout, cela nous renvoie à un État constitué de gens insignifiants, de gens tonitruants, de gens généreux, de gens cruels, de gens enjoués, de gens désespérés, parfois le tout un peu mélangé.

Ces personnages sont d’autant mieux mis en valeur que l’autrice les décrit avec beaucoup plus de précision que le cadre dans lequel ils évoluent. Elle ne voulait pas écrire un roman historique et beaucoup de détails sont floutés. Par exemple, «l’organisation» à laquelle appartiennent les personnages, qui renvoie visiblement à une réalité historique, n'est pas nommée. Les scènes érotiques sont très présentes dans le roman, leur grand nombre a parfois été reproché à l’autrice. Ayelet Gundar-Goshen se défend en expliquant qu’on s’offusque moins des scènes de grande violence, or la sexualité peut être un acte plus positif que la violence, pense-t-elle, c’est pour cela qu’elle veut la mettre en avant. On pourra être ennuyé ou surpris par les métaphores érotiques utilisées comme par exemple celle qui parle de «seins aussi onctueux que de la crème fouettée».

Certains rebondissements du récit peuvent paraître difficiles à croire, mais sans doute pas suffisamment pour en décrocher complètement. Tous comptes faits, c'est un livre intéressant que l'on peut aimer avec tous ses défauts, ce qui en fait un objet étonnamment réel.


Nicolas Legrand
( Mis en ligne le 06/09/2017 )
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