L'actualité du livre Jeudi 28 mars 2024
  
 
     
Le Livre
Littérature  ->  
Rentrée Littéraire 2021
Romans & Nouvelles
Récits
Biographies, Mémoires & Correspondances
Essais littéraires & histoire de la littérature
Policier & suspense
Classique
Fantastique & Science-fiction
Poésie & théâtre
Poches
Littérature Américaine
Divers
Entretiens

Notre équipe
Essais & documents
Philosophie
Histoire & Sciences sociales
Beaux arts / Beaux livres
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Littérature  ->  Poches  
 

Ministre occulte de l'espace
Aurélien Bellanger   Le Grand Paris
Gallimard - Folio 2018 /  8,30 € - 54.37 ffr. / 514 pages
ISBN : 978-2-07-279345-5
FORMAT : 11,0 cm × 18,0 cm

Première publication en janvier 2017 (Gallimard - La Blanche)
Imprimer

Alexandre Belgrand, né à Colombes, limite du 92 avec le 93, descend d'une grande lignée d'urbanistes. Urbaniste à son tour, il entre dans la cour rapprochée du "Prince", leader de la droite au mitan des années 2000, et, devenu ''son ministre occulte de l'espace", façonne pour lui ce qui deviendra "le Grand Paris".

Après les autoroutes de l'information et le TGV, Aurélien Bellanger livre avec ce troisième roman une nouvelle fresque totalement romanesque et absolument passionnante dans les arcanes du développement national, un roman total autour d'une personnage qui raconte son propre parcours, de l'enfance aux sommets, puis la déchéance et les balbutiements de ce nouvel axe qui réconcilierait Paris avec sa banlieue, "Le Grand Paris Express". Un schéma nous est donné en fin d'ouvrage de cette ligne de métro automatisée, sourire urbain reliant un à un des espaces jusque-là isolés et moribonds.

Le roman suit la même construction, en reliant des points, lesquels dessinent, de la vie d'un haut-fonctionnaire de l'Ouest francilien privilégié aux architectures apocalyptiques du 93 (voir le passage, aussi court que puissant, sur les ensembles Abraxas de Ricardo Bofill), un vertigineux panorama de la France des quarante dernières années, à travers les mutations et les spasmes de la capitale : la politique, la société, la religion, la culture et les sous-cultures, l'économie, côté finance, côté travail, côté consommation. Cela donne une oeuvre consistante et cohérente, érudite sans lester la lecture, fruit, répétons-le, d'une travail éminemment littéraire.

Le personnage et narrateur est ce petit-petit-petit cousin de Rastignac. L'enfant de la classe moyenne supérieure, passé par une grande école de commerce, entre en politique à tribord toute, pour servir le "Prince". Nous est alors proposé un tableau saisissant de l'ascension de Nicolas Sarkozy et des convulsions de son entourage. "Se dessinait ainsi le portrait délicat d'un prince Chrétien, chose presque taboue dans la Cinquième République".

Ce portrait, autant admirateur qu'à charge, soutient et accompagne l'épopée urbaine, au fil de pages denses, moments picaresques brodés d'analyses géniales. "Je vais vous surprendre mais parfois je me dis que l'opposition, très forte, idéologique même, entre le 92 et le 93, entre les Hauts-de-Seine et la Seine-Saint-Denis, c'est un peu comme la guerre froide, ça n'a pas eu que du mauvais. Le fait que Paris soit coincé entre le département le plus riche de France et le département le plus pauvre a sauvé son dynamisme".

On peut narguer l'apparente "facilité" à assembler ainsi 40 ans d'urbanisme, de politique, de développement économique et de crise, 40 ans d'histoire française, la Grande et toute une marqueterie de faits divers (la mort de Zyed et Bouna en 2005 à Clichy-sous-Bois, ou l’imbroglio feuilletonesque des manigances politiques au sein de la Droite française). Après tout, cela n'est jamais qu'un puzzle. Mais quelle érudition et quel talent d'écriture faut-il pour s'attaquer à un puzzle aussi considérable ?

"On était dans la France du Prince, celle des petits propriétaires, des jardins grillagés et des chiens agressifs, la France du plastique et des hypermarchés, qui pendait en décembre des mannequins du père Noël à ses gouttières, qui achetait l'été des piscines autoportantes et qui laissait blanchir des jeux d'enfants sur ses petites terrasses ; c'était la France moche des émissions de télé-réalité, non pas celle de la Star Academy ou du Loft, qui passaient en prime time et promettaient la gloire, mais celle de la seconde partie de soirée, celle de Confessions intimes, de Super Nanny ou du Grand Frère, celle des émissions de déco sans espoirs et des relookings compassionnels - la France de ceux qui n'allaient pas très bien et qui comptaient sur la télé pour aller un peu mieux".

Du grand art.


Thomas Roman
( Mis en ligne le 10/12/2018 )
Imprimer

A lire également sur parutions.com:
  • La Théorie de l'information
       de Aurélien Bellanger
  • L'Aménagement du territoire
       de Aurélien Bellanger
  •  
    SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

     
      Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
    Site réalisé en 2001 par Afiny
     
    livre dvd