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Trilogie impériale : suite et fin | | | Patrick Rambaud L'Absent Le Livre de Poche 2005 / 6.50 € - 42.58 ffr. / 373 pages ISBN : 2-253-11265-8 FORMAT : 11 x 18 cm
Première parution : Grasset, août 2003 Imprimer
La Bataille (Prix Goncourt 1997) avait montré la France impériale à son apogée aux lendemains de la victoire de la Grande Armée à Essling, les 21 et 22 mai 1809. Il neigeait, récit de la Campagne de Russie, lancée en 1812, avait esquissé les premières fissures qui allaient lézarder le bel ouvrage patiemment construit par lEmpereur. Il était ainsi dans lordre des choses que LAbsent, dernier morceau de cette trilogie, apporte le récit du point final de la formidable épopée napoléonienne.
Mars 1814. Les derniers lambeaux de la Grande Armée défendent ce qui peut encore lêtre dans une France en proie à linvasion étrangère. Paris sapprête à être forcé, ce qui ne sétait plus vu depuis la Guerre de Cent. Bourbons et fidèles de lAncien Régime sagitent au-delà des frontières ou dans les bagages des armées de la Coalition. Le parfum de la trahison commence à répandre ses effluves mortifères jusque dans les couloirs, dordinaire familiers de révérences courtisanesques, de Fontainebleau où sest réfugié Napoléon. Cen est fait de lEmpire.
Cest cette atmosphère fin de règne, prélude au premier exil de lEmpereur, que Patrick Rambaud sest donné pour objectif de représenter. Une description minutieuse des états dâme des uns et des autres plus que des péripéties politiques et militaires de ces semaines cruciales (il est vrai que, sur ce sujet, Les Cent Jours ou lEsprit de sacrifice de Dominique de Villepin ont fait uvre maîtresse !).
Pour ce faire, et cest loriginalité du roman, lauteur a, parmi les acteurs connus du dernier acte de ce drame, choisi de créer de toutes pièces un personnage, quil envoie pénétrer dans lintimité de lEmpereur : Octave Sénécal, homme lige de Maret, duc de Bassano et Secrétaire dEtat, policier maître espion en charge de linfiltration des milieux royalistes. Tombant par hasard sur le théâtre de Fontainebleau, il simmiscera progressivement, du long de la route de lexil jusquà lîle dElbe, dans le plus proche entourage de Bonaparte déchu. Les faits et gestes de notre argousin sont loccasion dun portrait psychologique, sans concessions, dun empereur aux abois, perdu sur un confetti dempire, jusquà ce que celui-ci revête, de nouveau, une ultime fois, les habits du conquérant.
Patrick Rambaud sadonne ainsi à un genre inaccoutumé, LAbsent naviguant entre le fidèle récit historique (lauteur a lu, semble-t-il, une bonne partie des mémoires de lépoque) et le roman (non « historique » cependant, Rambaud sen défend avec vigueur !), porté par son héros, Octave Sénécal. Héros ou « anti-héros » dailleurs, tant il est à ce point surprenant de peindre un personnage aussi antipathique (ce qui ne semble pas être du tout lintention de lauteur) : homme de basse police, assassin assermenté du régime impérial, quelque peu servile et sectaire, Octave Sénécal finit presque par indisposer ! Heureusement pour le lecteur, notre homme a la modestie de séclipser, au fil du roman, au profit de lEmpereur.
Passée cependant cette aversion, toute relative, on appréciera, dans ce roman insolite de Patrick Rambaud, le fin portrait psychologique de lEmpereur, qui nest pas sans rappeler dailleurs celui brossé récemment au cinéma par Monsieur N. dAntoine de Caunes.
Gauthier Descambres ( Mis en ligne le 20/05/2005 ) Imprimer | | |