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Histoire de famille, naissance d’une femme
Marie-Aude Murail   En nous beaucoup d'hommes respirent
Le Livre de Poche 2020 /  8,20 € - 53.71 ffr. / 383 pages
ISBN : 978-2-253-24061-7
FORMAT : 11,0 cm × 18,0 cm

Première publication en août 2018 (L'Iconoclaste)
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Ecrivain de littérature jeunesse, Marie-Aude Murail est née le 6 mai 1954 au Havre. En 2013, après la mort de ses parents, alors qu’elle est un auteur reconnu en France et à l’étranger, elle décide de plonger dans la mémoire familiale et la sienne. Un travail de mémoire, dans lequel elle entre à reculons : son premier chapitre s’intitule «Je n’ai pas de mémoire» et débute ainsi : «J’oublie mes romans, à peine les ai-je-écrits. J’ai même tendance ces derniers temps à oublier que je suis écrivain».

Reprenant les archives familiales, photos, lettres, journaux intimes de ses parents, et d’elle plus jeune, interrogeant cousines, frère, sœur, Marie-Aude Murail entraîne son lecteur dans cette histoire à la fois intime et publique. Une histoire qui se lit à plusieurs niveaux : l'histoire d’une famille française qui a traversé le XXe siècle et ses deux guerres, de la Province à Paris, l'histoire personnelle de la naissance d’un écrivain avec un choix particulier : la littérature jeunesse, genre littéraire à part entière. L'histoire aussi d’une fillette puis d’une femme dans la France des Trente Glorieuses, qui vit les années d’émancipation féminine.

Le récit, fluide au début lorsqu’il s’agit de conter les vies des grands parents, acquiert de la densité et une tonalité plus grave lorsque Marie-Aude Murail aborde le sujet du couple de ses parents, de ses relations avec sa mère. Enfant précoce, à la maturité tardive, elle affirme n’être «née» qu’a trente ans… Elle nous raconte sa jeunesse passée à rêver, à lire, à imaginer des jeux avec son frère et sa sœur, et leurs animaux en peluche ; les années parisiennes dans le quartier du Marais, le lycée de filles et ses professeurs inégaux… un monde féminin dans lequel elle ne trouve pas sa place, elle, l’adolescente androgyne qui se préfère en pantalon et chemise cravate.

Des photos en noir et blanc et en couleurs confirment ses choix, en particulier la photo aux côtés de son mari, Pierre, où ils apparaissent jumeaux sur une plage, avec la même coiffure, la même chemise blanche sur laquelle tranche la même cravate foncée. Les confidences un peu sombres, sur les parents, la mort de son jeune beau-frère, la difficulté à vivre sa maternité, etc., n’entravent pas l’humour fantaisiste, lorsqu’elle répond par exemple à la question d’une assemblée d’enfants : «Pourquoi êtes vous devenue écrivain ? (…) Mon père écrit, ma mère écrit, ma sœur écrit, mon frère écrit, ma belle-sœur écrit, ma nièce écrit. Je fais quoi ? Pharmacienne ?» ; ce n’est d’ailleurs qu’une des réponses qu’elle propose, variant le ton selon le niveau du jeune public…

Émergent au fil des pages de fortes personnalités : le grand-père fondateur, Raoul, mort trop jeune, son épouse Cécile surnommée Moussia par les petits-enfants, les parents Marie-Thérèse et Gérard. Dans cette lignée, les femmes tiennent la famille à côté d’époux qu’elles aiment mais qui sont plus fragiles, plus absents, absorbés par leurs propres talents. Marie-Aude, elle, d’une certaine façon, inverse les rôles ou du moins en donne l’impression… L’hérédité existe mais n’est pas une fatalité…

«D’où me vient mon goût pour les histoires qui finissent bien ? Même dans la vraie vie, même dans les histoires based on a true story, j’attends obstinément l’heureux dénouement», a-t-elle noté. Cet heureux dénouement apparaît dans sa dernière phrase qui rebondit sur le titre du récit et clôt ce texte sensible qui se peut se lire comme un roman vrai, mais aussi comme le journal intime d’une découverte faite par l’auteur, celle de sa personnalité : «En moi beaucoup de femmes respirent qui vinrent de très loin et sont une sous mon front».

Un livre émouvant.


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 19/10/2020 )
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