|
Littérature -> Récits |
| Chow Ching Lie Il n'y a pas d'impasse sous le ciel Fischbacher 2004 / 21.00 € - 137.55 ffr. / 272 pages ISBN : 2-7179-0182-5 Imprimer
Dans Il ny a pas dimpasse sous le ciel beau titre Chow Ching Lie, lauteur du best seller Le Palanquin des larmes, revient sur son parcours étonnant. Née en 1936 à Shangaï dans une famille pauvre, animée par une foi profonde et rendant culte tout autant à la vierge Marie quà Bouddha, lauteur décrit les moments importants de son existence : la mort de son père, son mariage, la naissance de ses deux enfants, ses problèmes financiers et politiques, son exil en France, sa décision de se mettre au piano de façon professionnelle à lâge de 40 ans, ses choix courageux. Chaque étape dexistence est illustrée par des contes et légendes issus du folklore chinois ou du bouddhisme. Lune des originalités du livre est dêtre constamment soumis à un double regard : lOrient et lOccident, le communisme et le libéralisme, le christianisme et le bouddhisme, la vie réelle et la vie spirituelle. Tout au long du cheminement de Chow Ching Lie, on retrouve incarnés les préceptes qui fondent la foi religieuse : la vertu, lhumilité, la fidélité, la persévérance, le fatalisme.
Cette autobiographie originale se lit donc avec plaisir, dautant que les légendes chinoises apportent une toile de fond spirituelle dune grande sagesse. De même, on lit avec intérêt le regard que peut porter une Orientale sur la famille : en Chine, elle a une importance capitale ; le mariage doit se faire entre gens du même rang, selon ladage «pour faire un bon mariage, il faut se marier de porte équivalente» ; les enfants, une fois adultes, doivent protéger leurs parents comme ces derniers les ont protégés quand ils étaient petits. Intéressante aussi, cette évidence fondatrice que les plus jeunes doivent écouter et suivre les traces de leurs aînés, considérés comme des guides dexistence. Ainsi en est-il de cet accompagnement maternel et spirituel dont Chow Ching Lie fait preuve à légard de ses élèves de piano. Il est évident quen Occident, ces valeurs ne sont pas partagées de façon aussi évidente et que certaines peuvent passer pour «réactionnaires» ou désuètes.
Mais, à bien y regarder, on reste quand même un peu dubitatif devant larrière-goût que suscite cette lecture. Lillustration systématique par les contes finit par donner une couleur vaguement moraliste à lensemble. On a limpression que lauteur veut absolument faire montre dune vertu à toute épreuve, vertu finalement inhumaine et impossible à atteindre. Il y a un petit air de : « regardez la façon admirable dont je mène mon existence, les contes traditionnels lattestent », cela même si Chow Ching Lie présente dincontestables qualités humaines, comme le courage ou la remise en question. Finalement, Il ny a pas dimpasse sous le ciel fait un peu penser à ces artistes people qui se réclament du bouddhisme tandis quils brassent des millions de dollars et se perdent dans leur propre narcissisme. Chow Ching Lie, malgré sa nationalité, donne parfois limpression de céder à ce paradoxe dun bouddhisme soigneusement relooké par un Occident mal en point.
Caroline Bee ( Mis en ligne le 26/07/2004 ) Imprimer | | |
|
|
|
|