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Élévation à la manque ?
Adrian Tchaikovsky   Dans la toile du temps
Denoël - Lunes d'encre 2018 /  24 € - 157.2 ffr. / 592 pages
ISBN : 978-2-207-13859-5
FORMAT : 14,0 cm × 20,5 cm

Henry-Luc Planchat (Traducteur)
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Dans un avenir lointain, l’humanité est parvenue à maîtriser non seulement le voyage dans l’espace et l’intelligence artificielle, couplée avec l’esprit humain, mais également la nature, et est désormais capable de terraformer une planète, voire de la peupler avec des êtres dont elle aura organisé la maturation jusqu’à l’accès à la conscience.

Bref, l’humanité veut tutoyer les dieux, c’est en tous les cas l’espoir du docteur Kern, responsable d’un programme d’élévation : il s’agit, à partir d’une nanotechnologie, de faire évoluer des singes placés sur une planète terraformée pour y développer une civilisation prête à accueillir l’humanité en maître… Mais rien ne se passe comme prévu. Tandis que les hommes se déchirent entre partisans et adversaires de la science, le docteur Kern, à la suite d’un attentat, se retrouve seule avec sa création, sa planète.

Et sur cette planète, ce sont des araignées qui ont commencé à évoluer à l’aide de la technologie humaine, une évolution longue qui voit les arachnides accéder à la conscience, élaborer une société, et s’élancer à la conquête de ce monde. Jusqu’au jour où les derniers survivants de l’humanité, après 20 siècles d’errance, arrivent en vue de la planète surveillée par le docteur Kern. Cette dernière, connectée à une IA, a sacrifié son humanité à sa création et n’entend pas laisser les derniers hommes investir son laboratoire planétaire, prête même à entrer en guerre avec les siens.

Tandis que les araignées évoluent, et développent une société singulière inspirée par les messages du Dr Kern, devenue «la messagère», les hommes luttent, se déchirent en factions, oublient la science puis la redécouvrent et tentent de trouver un nouveau berceau. Mais la seule option demeure la planète, et il n’est pas question de partager. Qui des araignées évoluées ou de l’humanité décadente emportera le morceau ?

Le roman d’Adrian Tchaikovsky, primé par le prix Arthur C. Clarke en 2016, est l’un de ces romans ambitieux qui déroule, sur des millénaires, une intrigue dense. Passant, d’un chapitre à l’autre, des humains (et d’un historien, qui, au cours de ses réveils cryogéniques, découvre la situation et tente de réagir) aux araignées en train de muter, l’auteur nous entraîne à un rythme effréné, et haletant, dans des conflits, des guerres, des explorations, des découvertes scientifiques. Le charme de l’ouvrage réside déjà dans la création d’une civilisation originale, celle des arachnides, qui se développe différemment de l’humanité, n’exploitant pas les mêmes sciences, n’organisant pas la société selon les mêmes cadres, et créant finalement un monde différent, réaliste, dont les fondements semblent assez logiques. On sent à cet égard l’espèce de jubilation qui a saisi l’auteur devenu lui-même le démiurge d’une race extra-terrestre originale. Il y a un côté Jack Vance dans la fascination de Tchaikovsky pour ce mélange d’ethnologie et d’entomologie, cocktail improbable mais addictif.

Il en va de même pour l’histoire des derniers hommes, coincés dans un vaisseau arche qui risque de devenir un tombeau, et partagés entre le sens du collectif et la violence intrinsèque à notre espèce. Dans les deux cas, on assiste à la lutte entre l’instinct et l’intelligence, avec, en arrière-plan, une intelligence à la fois humaine et artificielle devenue folle.

Un roman passionnant, une fresque qui se lit sans temps morts, et un space opera d’une redoutable efficacité.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 04/06/2018 )
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