| Elmer Mendoza Balles d’argent Gallimard - Série noire 2011 / 17 € - 111.35 ffr. / 263 pages ISBN : 978-2-07-012580-7 FORMAT : 15,6cm x 22,4cm
Traduction d'Isabelle Gugnon Imprimer
Elmer Mendoza, auteur mexicain, signe avec Balles dargent son premier roman policier. Un roman noir qui est prétexte à la description originale et pleine dhumour dune société mexicaine mêlant les membres dune police corrompue, des trafiquants de drogue, des tueurs appointés et des lesbiennes chancelantes.
Avec une pléiade de personnages hauts en couleur : un jeune homme bien sous tous rapports aux dires de certains membres de la PFU, Petite Fraternité Universelle, qui regroupe des végétariens pratiquant la méditation. La vérité est plus complexe. Grand amateur de chair fraîche, Bruno, bisexuel et idéaliste convaincu, mène une double vie qui le fera tomber sous les balles dargent ; Paola, belle, intelligente, folle de Bruno, qui vit entre un père idolâtre, une mère haineuse et une sur dévorée de jalousie ; Ez, chef de bande à bicyclette, amoureux inconditionnel de Paola, quune balle dargent envoie goûter les pavés de la Colonia Guadalupe ; le chef des narcotrafiquants, petit homme rondouillard qui boit de la camomille et soigne son cholestérol, choyé par une épouse vigilante quoique revancharde : elle na pas oublié une certaine aventure extra-conjugale que lui a infligée son époux ; Samantha, fille du chef des narcos, qui utilise les tueurs de papa pour liquider avec entrain les gêneurs qui se bousculent sur son chemin ; Montano, le légiste don juan que les appels de son commissaire dérangent régulièrement lorsquil gambade entre des draps étrangers et toujours nouveaux ; Gris, la jolie secrétaire que ses collègues ont tirée au sort et qui, lasse duvrer sur des homicides à répétition, semble vouloir abandonner son arme et son badge pour retourner aux joies de la circulation urbaine.
Enfin, Mendieta, notre commissaire au lourd passé, violé dans son enfance, qui se relève tant bien que mal dune rupture amoureuse. Le seul policier de la ville, dit-on, à croire encore à la justice. Son psychiatre lui prodigue des soins attentifs dont les résultats savèrent peu convaincants. Après des études de lettres hispaniques, il a basculé dans la police, à la poursuite des narcotrafiquants, destinée à laquelle rien ne le préparait. Avec une efficacité que ne perturbe en rien landropause dont il se dit victime, il poursuit ses enquêtes, alors que les morts pleuvent autour de lui. Son bref roman damour avec Goga, créature de rêve qui lui envoie des brassées de roses rouges, ne le détourne pas de son but.
Entre deux sonneries de trompette de cavalerie (portable de Mendieta) et des airs de Barry White, Joe Coker ou Tina Turner, avec un humour décapant et ravageur, lauteur tisse un roman drôle et cruel, dune humanité qui ne peut laisser insensible. Seul bémol, un mépris souverain des règles du dialogue écrit : lauteur mêle paroles, pensées et prose intermédiaire en un bloc compact que lon a parfois un peu de mal à décoder. Mais ce style exubérant et chaleureux fait entrer le lecteur dans la sphère du texte et ajoute à la séduction imparable du roman.
Anny Lopez ( Mis en ligne le 30/05/2011 ) Imprimer | | |