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Littérature -> Policier & suspense |
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Dans les coulisses de la mafia russe | | | Igor Panich La Sibérienne XO 2002 / 19,90 € - 130.35 ffr. / 384 pages ISBN : 2-84563-042-5 Imprimer
Andreï Krylov occupe un poste clef au KGB. James Maguire est vice-président de lune des plus grosses banques dinvestissement new-yorkaises. Andreï est le fils dun haut fonctionnaire du régime communiste ; Jim est un de ces ambitieux qui, honteux de leurs origines modestes, se sont battus pour soffrir costumes à trois mille dollars et montre Rolex. Andreï fraye avec les plus hautes sphères du pouvoir, Jim est promu responsable des intérêts de sa banque en Russie. Le premier se hisse à la tête de la mafia et dune fortune colossale - pour ne pas être assassiné ; lautre cherche à regagner une virginité quil avait sacrifiée à de mirobolants profits. Dun chapitre lautre sont ainsi dévidées alternativement les biographies dAndreï Krylov et de Jim Maguire.
Une telle construction laisse présager une rencontre au sommet prometteuse
et cest la déception qui est au rendez-vous. L'impression de récit survolé, un peu bâclé, qui se dégage des premiers chapitres persiste tout au long du roman. Lécriture, simplissime, puise trop souvent dans les clichés (on ne cesse de "pivoter sur ses talons"
) et nexprime aucune nuance : les événements sont brossés à grands traits, les dialogues sonnent creux et les personnages ne sont pas suffisamment développés. De plus, les situations perdent en crédibilité au fur et à mesure que lon avance dans le récit ; ainsi entre-t-on de plain-pied dans lunivers de James Bond quand Andreï dévoile le Fandango, son yacht submersible unique au monde. Blofeld et SPECTRE ne sont pas loin...
On boit, on sniffe beaucoup, on tue encore davantage dans ce roman qui, pourtant, manque de souffle et de puissance. Car la force dun thriller ne se mesure pas au nombre de cadavres ni à labondance de dollars, de coke ou dalcool en circulation ils sont ici présents dans de telles proportions quils en perdent toute signification. Les traits psychologiques des personnages sont sommaires, les nuds de lintrigue plutôt grossiers, et lécriture, rudimentaire, confère au récit une froideur clinique que sa valeur documentaire, superficielle, ne justifie pas. Le récit, qui débute comme une sorte de rapport médico-légal objectif et dépassionné dressant létat des lieux dune Russie post-communiste rongée par la corruption, tourne finalement au mauvais roman despionnage truffé de lieux communs.
Ce qui aurait pu être prétexte à une saisissante étude dun pays sombrant dans le chaos, servie par de puissantes figures romanesques évoluant dans le milieu trouble de la mafia russe, n'aboutit au final quà un roman très moyen, manière de série Z littéraire quil est difficile de lire autrement quau premier degré et dont on se lasse assez vite.
Isabelle Roche ( Mis en ligne le 14/05/2002 ) Imprimer | | |
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