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Littérature  ->  Policier & suspense  
 

Des souris, un homme... et un bébé
Stephen King   Blaze
Albin Michel 2008 /  19.90 € - 130.35 ffr. / 327 pages
ISBN : 978-2-226-18235-7
FORMAT : 15,5cm x 24,0cm

Traduction de William-Olivier Desmond.
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Celui que les Mystery Writers of America (association des auteurs de romans policiers américains) ont reconnu comme le «grand maître» en 2007 s’est peut-être senti d’autant plus gêné de ce titre lorsqu’il a décidé de publier aux États-Unis, la même année, un roman propre à ravir ses admirateurs, mais aussi à les étonner légèrement.

Tout d’abord, c’est écrit par Richard Bachman et qu’importe s’il s’agit de l’un de ses deux pseudonymes, il ne veut plus être cet écrivain. Il l'a fait mourir en 1985 et toute oeuvre née de sa plume ne peut donc être à l’en croire qu’un péché de jeunesse, une esquisse bonne à rester dans les cartons où elle avait sagement reposé les dernières décennies. En plus, il n’en aime pas le style, jugé trop pathétique par le virtuose de l’épouvante qu’il est depuis devenu, et puis, comme il le dit dans son introduction intitulée de façon assez révélatrice «Aveux publics», «ce n’était pas un roman noir mais plutôt une tentative dans le genre naturalisme-avec-crime tel que le pratiquaient James M. Cain et Horace McCoy dans les années trente» ( p.14).

Pour ce qui est du style, une énergique réécriture basée sur un principe simple – la sobriété formelle, glacée comme ce roman enneigé – a permis d’épurer les scories larmoyantes, si tant est qu’elles aient été aussi risibles dans la version de 1973 que s’en excuse S. King ; quoiqu’il en soit, il n'en reste point trace dans la version qui nous est proposée aujourd'hui. Il ne s’agit par contre toujours pas d’un roman noir «classique», ce dont il n'a pas à rougir, particulièrement si l'on songe aux nombreuses évolutions qui ont marqué le genre depuis quelques décennies. Les repères en la matière ont légèrement volé en éclats. Efficace en tant que thriller, l'intrigue enrichie d'une pléthore de retours en arrière, tire de toute façon sa force d'ailleurs : cela sonne un peu comme une hypothèque sociale et psychologique posée sur le chef-d'oeuvre de J. Steinbeck, Des souris et des hommes, ce qui n'est après tout pas si étonnant de la part d'un ancien professeur d'Anglais. Or le retour sur investissement s'avère intéressant.

L'hiver du Maine se déploie comme un cadre ouaté de blanc dans lequel les pensées de Blaze ont tout loisir de se fondre lentement, assourdies. Quelques années auparavant, les corrections infligées par son père ivre-mort ont fait du gentil garçon éveillé qu'il était un gentil garçon, certes, mais profondément stupide et avec un grand trou dans le front ; ce front qui flotte maintenant à deux mètres du sol, dominant de cette hauteur le corps du géant, mais pas vraiment les événements. Heureusement, tout le monde n'est pas méchant avec lui. Il a eu un ami, à l'orphelinat. Et puis surtout, il y a George, le voleur intelligent, qui l'a pris sous son aile quand il s'est retrouvé dans une mauvaise passe et le traite gentiment de crétin, George qui lui a tout appris et qui, à défaut de lui promettre des lapins, lui a expliqué comment faire pour aller à un endroit où il aura toujours chaud – car avec de l'argent, c'est un rêve envisageable, enfin.

Ils vont kidnapper l'héritier d'une très grosse fortune et puis, comme pour pouvoir le rendre vivant mieux vaut choisir un bébé, incapable de dénoncer ses ravisseurs, la cible est toute trouvée, il s'agira de Joe Gerard IV. Le problème, c'est que Joe est attachant. Et puis l'autre problème, c'est que George est mort depuis des mois. Et c'est sans compter le fait que les kidnappeurs jouissent d'une fâcheuse réputation. Pour un seul homme cela fait beaucoup, surtout quand sa pauvre tête est tellement abîmée et pourtant c'est à Blaze, tout seul, de se débrouiller pour récupérer son million de dollars.

Les poursuites haletantes, les coups de feu et les morts, l'étau qui se resserre autour de ses victimes, tout est là pour faire de Blaze un très bon roman à suspense, mené avec une sècheresse tout à fait séduisante, sauf qu'il y a davantage que le nécessaire pour atteindre semblable objectif. On y trouve de l'amitié véritable, c'est-à-dire gratuite, de la dépendance absolue qui confine à l'amour, bref, de l'émotion ; on peut comprendre la gêne de Stephen King et pour autant ne pas partager son opinion quant au caractère pathétique de la narration. Peut-être ses retouches ont-elles été décisives, mais on trouve ici une preuve (si besoin était) qu'il est possible d'être touchant en évitant de sombrer pour autant dans le ridicule, la caricature.


Aurore Lesage
( Mis en ligne le 04/07/2008 )
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