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| Pierre Mérot L'Irréaliste Flammarion 2005 / 18 € - 117.9 ffr. ISBN : 2-08-068778-6 FORMAT : 13.5x21 cm Imprimer
Que dire de LIrréaliste, le nouveau roman de Pierre Mérot, qui paraît en cette fin du mois daoût chez Flammarion ? Rien, si ce nest sétonner quun éditeur ait pris le risque den assurer la publication. Mais, au fait, qui est léditeur de ce livre ?
La substance en est brièvement résumée et enjolivée en quatrième de couverture. Louvrage serait «une épopée moderne, fuite jubilatoire dans lalcool et lamour idéal, lhumour et la littérature». La supercherie doit être dénoncée. Si lalcool est effectivement omniprésent, où déceler des traces damour idéal ? Pour ce qui de lépopée, de la jubilation, de lhumour, vous aurez beau chercher, vous nen trouverez pas. Le narrateur séchine à affubler son entourage de surnoms ridicules : Oblomova-La-Tendresse-Même, Oblomova-La-Gorille, Oblomova-Mon-Amour, Judas-LInadapté, Cruella-La-Tueuse-Remarquable, Simon-Aux-Yeux-Brisés, Cheval-Fou-A-La-Poitrine-Imberbe. Mais affubler ses héros dépithètes homériques suffit-il à transformer un roman de rentrée en épopée ?
Derrière cette boursouflure du style se cache une intrigue très maigre : Pétoncle, écrivain à succès, farouchement idéaliste, accessoirement prof au lycée Waterloo sagit-il là dun trait dhumour ? - est en intense négociation avec son éditeur Cheval Fou. Lun réclame un roman réaliste pendant que lautre demande... de largent. Cette négociation est entrecoupée de courtes phases décriture, de longues séances dalcoolisation à domicile ou dans des lieux branchés de la capitale, suivies de longs, très longs délires éthyliques et accessoirement de quelques allers-retours au lycée, dépressions et arrêts de travail consécutifs.
Tout compte fait, ce petit monde de la jet-set littéraire parisienne est bien malheureux, et lacmé de cette soi-disant épopée est atteinte avec la tentative de suicide avortée de Cheval-Fou dans la «Suite Littéraire» de lhôtel Lutétia. Il menace de se jeter du balcon avant de se raviser. Impossible alors de ne pas penser à la célèbre plaisanterie de Smaïn préférant «pleurer dans une Porsche que de [se] fendre la gueule dans le métro»...
Dans la préface de Cromwell, Hugo définit la poésie comme la «combinaison toute naturelle de deux types, le sublime et le grotesque». Ici, le grotesque est bien présent, mais de sublime, point de trace. Pas dépopée, pas de poésie, il ne reste que de la farce... et un roman de rentrée étrangement vide.
Raphaël Muller ( Mis en ligne le 31/08/2005 ) Imprimer
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