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Fille des ''Grands Nègres''
Maryse Condé   La Vie sans fards
JC Lattès 2012 /  19 € - 124.45 ffr. / 334 pages
ISBN : 978-2-7096-3685-8
FORMAT : 13,0 cm × 20,5 cm
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«Les Antillais ne vivaient qu’entre eux, un fossé les séparait des Africains» (…) «Cette haine du bourgeois n’était-elle pas dictée par le regret de m’être moi-même exclue de la bonne société ?» (…) «La véritable intégration n’implique-t-elle pas avant tout une adhésion de l’être, une modification spirituelle ?» (…) «La couleur est-t-elle donc un vernis invisible ?» (…) «La négritude n’était qu’un grand beau rêve ; la couleur ne signifie rien» (…) «L’Afrique était une terre faire-valoir qui me permettait d’être ce que je rêve d’être. Et sur ce plan personne ne peut m’aider» (…) «Une évidente similitude entre la «race» juive et la «race» noire, toutes deux pareillement conspuées et torturées à travers le monde» (…) «Une Afrique naît, qui se débarrasserait de l’arrogance ou du paternalisme des colonisateurs».

En Côte d’Ivoire, en Guinée, au Ghana, cette Guadeloupéenne issue des «Grands nègres», transpercée par toutes sortes de flèches, raconte sa vie effectivement sans complaisance. Son parcours professionnel, chaotique, aux débuts désolants, ses interrogations sur beaucoup de choses, son incapacité à prendre des décisions qu’elle sent impératives, la montrent fragile et en même temps déterminée à poursuite une route éclairée par «la rage d’écrire».

Un premier amour qui s’enfuit lui laisse un garçon, un second amour de dépit qu’elle abandonne lui laisse trois filles, d’autres amours plus ou moins profonds, plus ou moins physiques, jalonnent sa vie jusqu’au dernier qui l’apaisera. Et son amour pour l’Afrique finira «dompté», devenant matière à de nombreuses fictions.

Il se dégage de ce livre, à la fois enfantin et réfléchi, agréable à lire de par sa sincérité, le récit d’une détresse durable, vécue comme telle sur le moment. Une lucidité rare, accompagnée de remises en question fréquentes entraînant de vrais bouleversements de vie, grâce à ses nombreux amis. Le livre est entouré d’une bande papier représentant une photo de Maryse Condé et de ses quatre enfants ; la tristesse et la résignation qui se lit dans ces regards est poignante.


Dany Venayre
( Mis en ligne le 22/08/2012 )
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