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Une vie à soi
Sylvie Germain   Petites scènes capitales
Albin Michel 2013 /  19 € - 124.45 ffr. / 246 pages
ISBN : 978-2-226-24979-1
FORMAT : 14,0 cm × 20,5 cm
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Une nouvelle fois Sylvie Germain, née en 1954 (une dizaine d’années de moins que son héroïne ici) enchante ses lecteurs. Souvent récompensée par les prix littéraires (prix Femina pour Jours de colère en 1989, Grand prix Jean Giono en 1998 pour Tobie des Marais, Prix Goncourt des lycéens en 2005 pour Magnus, Prix Jean Monnet de littérature européenne en 2012 et Grand Prix SGDL de littérature 2012 pour l'ensemble de son œuvre), elle construit discrètement une œuvre importante, en abordant des thèmes forts, avec une belle écriture.

Une petite fille et sa grand-mère : celle-ci répète en ritournelle la même question : «C’est qui, là ?», la première phrase de ce beau roman, dense et lumineux à la fois. Ce qu’elle fixe ainsi est une photo d’une jeune femme accouchée tenant un bébé, le bébé c’est elle, la «bonne» réponse ; pour la jeune femme : silence. La petite fille Lili - qui découvrira en allant à l’école qu’elle s’appelle aussi Barbara - vit seule avec son père, aimant mais distant et strict ; la mère est partie, disparue, morte plus tard en mer… en ne laissant d’elle qu’un sillage mystérieux et lointain. De cette disparition mal expliquée à l’enfant née au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, celle-ci ne se remettra jamais.

Sylvie Germain déroule en 49 courts chapitres, sans titre, simplement numérotés, tels un inventaire, la vie de Lili-Barbara, le remariage du père avec la très belle Viviane, au nom d’enchanteresse, qui amène avec elle ses quatre enfants : Paul, Jeanne-Joy et les jumelles Christine et Chantal. Tout change alors pour Lili qui aimait sa solitude avec son père même si elle aurait préféré qu'il soit plus expansif. «Elle perd la compagnie des oiseaux, elle est privée de leurs berceuses en lambeaux qui enveloppaient son sommeil d’étrangeté et de quiétude. La première nuit de son exil, elle ressent un désarroi tel qu’elle en pleure, sa plainte évoque la triste langueur des paons». A côté des plaisirs de l’enfance, elle apprend aussi la douleur de l’absence : l’absence maternelle, que rien ne peut combler, la disparition de sa grand-mère aimante et d’autres morts qui viendront plus tard. Entre ces morts, elle se cherche - sans bien parvenir à se définir de façon précise, toujours l’enfant en plus, en trop, à côté - à trouver sa juste place. Entre les morts, mais aussi entre les vivants dans l’espace chaleureux, violent et bruyant de la famille.

Sylvie Germain tisse un récit dense fait de petits riens, de moments tragiques et de moments banals, d’émotions fortes et de sensations brèves. Les caractères des sept membres de la famille se dessinent au fil des pages, devenant plus complexes, révélant des facettes inattendues, des secrets de famille ; et finalement, à la fin du livre, à la disparition des parents, lorsque les enfants font le point sur leurs vies, si différentes, Lili comprend : «Elle, Lili, n’a été saisie dans l’enfance que par un sentiment d’ignorance et d’incompréhension qui ne l’a jamais tout à fait lâchée, et dont il n’est sorti qu’une longue procession de doutes. Il lui a fallu tant d’année, quelques dizaines, pour apprendre à vivre en relative bonne intelligence avec ses lancinantes inquiétudes(…)». Et aux toutes dernières pages, Lili, enfin apaisée, s’exprime dans le chant des oiseaux, celui qui berçait son enfance lorsque, seule avec son père, ils habitaient près d’une ménagerie, réconciliée avec son passé, désormais capable d’affronter le présent, devenue adulte…

Si la trame du récit est le long apprentissage de Lili, Sylvie Germain construit autour de multiples petits récits annexes, parcours des uns et des autres, instants lumineux ou dramatiques, en peu de mots, avec une grande économie de moyens, dans une très belle langue. Un beau livre qui laisse des souvenirs forts une fois refermé.


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 06/09/2013 )
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