| Paolo Di Paolo Où étiez-vous tous Belfond 2015 / 17 € - 111.35 ffr. / 260 pages ISBN : 978-2-7144-5711-0 FORMAT : 14,1 cm × 22,7 cm
Renaud Temperini (Traducteur) Imprimer
Un matin de septembre, en passant devant le lycée où il enseignait, le Professeur Tramontane, nouvellement retraité, heurte Thomas Marangoni, un ancien élève de terminale B, avec sa voiture. Tout le monde croit à un acte délibéré car le jeune homme était un cancre qui persécutait le professeur. De plus, la dernière année de leur carrière, les enseignants sont fragiles et déconsidérés par les élèves et les parents.
Cela suffit à détruire léquilibre familial. Désormais le père est humilié, la mère part à Berlin à la suite dune dénonciation anonyme de ladultère du père ; le fils, Italo, narrateur du récit, essaie de recoller les morceaux. Il étudie lhistoire à luniversité et voudrait faire un mémoire sur l'ère Berlusconi, ce que ses professeurs lui déconseillent vivement. Il est tenté de se poser mille questions sur lHistoire et son rapport à nos petites existences. Il passe en revue toutes les périodes depuis quil est né, surtout les années 90 et 2000, lattentat des tours jumelles, les funérailles de Jean-Paul II, les guerres lointaines, lélection dObama. Il établit le rapport entre le temps universel et les événements personnels.
«Chaque jour, il se produit un nombre infini de choses. Prenons un jour par hasard. Par exemple, le 24 mars 2000, je fêtais mes dix-sept ans, cétait un vendredi. Un gigantesque iceberg dune surface équivalente à celle des Abruzzes sest détaché de la plate-forme glaciaire de Ross dans lAntarctique» (p.33). Ce fait divers, rattaché au réchauffement climatique, ne bouleverse pas nos existences insignifiantes et pour tout grand événement, on nétablit pas de parallèle avec soi-même. Le narrateur se rend compte de limportance des gens qui lentourent, comme son père qui lui a donné une bonne éducation, les filles quil ne sait pas approcher, sa mère qui croit, malgré linvraisemblance de la chose, que son mari la trompée.
Cest le roman d'une remise en question personnelle et universelle, de limpossible rêve de traiter lhistoire contemporaine à travers ses traces matérielles et les effets laissés sur nos vies. Paolo di Paolo pose les bonnes questions sur la vélocité dun monde où tout change sans cesse ; lêtre humain perdu comme un grain de sable. Le roman est à la fois léger et grave, assorti dune radiographie ironique et amusée des années Berlusconi.
«Où se situe la vérité sur quelquun ? Est-elle le résultat des interprétations dautrui, si contradictoires, approximatives, faussées par les états dâme, les sautes dhumeur, les préjugés ? Elle se trouve peut-être ailleurs, présente mais infiniment lointaine et insaisissable comme la ligne dhorizon» (p.186).
Eliane Mazerm ( Mis en ligne le 23/09/2015 ) Imprimer | | |