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Le premier goulag
Zakhar Prilepine   L’Archipel des Solovki
Actes Sud - Lettres russes 2017 /  26 € - 170.3 ffr. / 820 pages
ISBN : 978-2-330-08188-1
FORMAT : 14,5 cm × 24,0 cm

Joëlle Dublanchet (Traducteur)
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A l’heure des commémorations des Révolutions de 1917, Zakhar Prilepine, écrivain et journaliste russe, publie L’Archipel des Solovki, un récit minutieux sur le goulag. Vétéran pro-russe de la Tchétchénie, disciple de Limonov (voir le Limonov d’Emmanuel Carrère), il entretient un rapport brutal et passionnel avec son pays.

Il raconte la vie sur un lieu/laboratoire d’un embryon de goulag, une île près du Pôle Nord, au Nord-Ouest de la Russie. Entre 1923 et 1939, Lénine puis Staline ont enfermé des dizaines de milliers de prisonniers, aristocrates, contre-révolutionnaires et droits communs qui ont vécu les premières heures de l’enfer concentrationnaire et du travail forcé. Le but de l’auteur est de donner une multitude de points de vue, du tchékiste au prisonnier, acteurs d’une société repliée sur elle-même. Sur cette île aux mouettes, construite au XVIe siècle, se trouve un immense monastère-forteresse (kremlin) saccagé dès le début par les Révolutionnaires, dont la bibliothèque est brûlée. Dans cet espace clos, est rassemblée une population très disparate : variété des origines ethniques, sociales, religieuses, politiques ou militaires. Tout au long du roman, nous découvrons les conditions de vie épouvantables pour tous, prisonniers et gardiens.

1929 : le jeune Artiom entre dans cette prison après avoir tué son père, pour une rééducation par le travail, devise du pouvoir soviétique. C’est un esprit libre, il est jeune et vigoureux, résiste bien aux mauvais traitements. Il a la chance de connaître l’amour avec Galia, responsable de la cellule d’isolement des prisonniers. Ils se voient en secret. Galia a laissé un journal, récupéré par le directeur du camp, Fiodor Eïkmanis, son amant (le journal est inséré en fin d’ouvrage).

Les nombreux personnages secondaires ont de fortes personnalités, des poètes, musiciens, philosophes... pour la plupart intellectuels contestataires opposés à un régime pire que le tsarisme, malgré ses idées prétendument progressistes. «Les Solovki sont le reflet de toute la Russie où tout est comme sous un verre grossissant-authentique, désagréable, évident».

Dans ce monde cruel, les tâches sont harassantes, épuisantes, mortelles souvent. L’hiver est terrible, si près du pôle ; les prisonniers presque nus et affamés travaillent sous les coups des bourreaux, qui sont eux-mêmes, parfois, des détenus de droit commun. La haine décuple la force ; ce système vicié fonctionne très bien... Le roman est parfois très dur dans sa peinture d’hommes capables du pire.

Le paradoxe est que dans le camp, en même temps, se déroule une vie culturelle avec un théâtre, un orchestre, des soirées de discussion politique et philosophique, à l’insu des gardiens. Les compétitions sportives aident à la rédemption de l’esprit. Leur seul havre de paix est cette romance entre Artiom et Galia qui risquent leur vie à chaque rencontre secrète et furtive. Mais après la tentative d’assassinat du chef du camp, Eïkhmanis (1897-1939), tout se dérègle ; commence alors une longue descente aux enfers. Le vrai goulag débute, celui que dira Soljenitsine.

Ce roman offre une mine de renseignements sur l’histoire de la Russie. L’écriture de Zakhar Prilépine est dense, riche, pas toujours facile, un langage imagé, et des analogies souvent surréalistes. L’auteur sait créer une atmosphère mystérieuse, étrange, nimbée de brouillard, de pluie, et de neige. Il explore la complexité des rapports humains en situation de survie, en milieu concentrationnaire, celle de personnages confrontés au paroxysme de la souffrance.

Un siècle plus tard, les moines, de retour, sont soucieux de la renaissance spirituelle du lieu. Ils ont démantelé toutes les traces du camp. La Russie veut oublier...


Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 13/12/2017 )
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