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Une peinture réaliste et subversive
James H. Rubin   Courbet
Phaidon - Art & idées 2003 /  19.95 € - 130.67 ffr. / 350 pages
ISBN : 0-7148-9078-2
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James Rubin, professeur d'histoire de l'art à la State University of New-York et spécialiste du XIXe siècle français, brosse le portrait d'un artiste engagé, Courbet (1819-1877), à travers une monographie complète, claire et vivante.

Grand représentant du courant réaliste en peinture, Gustave Courbet a déployé tout au long de sa vie un travail artistique indissociable de toutes les grandes revendications politiques et sociales qui se diffusent durant le siècle. Dans un monde qui bouillonne intellectuellement (naissance du Romantisme allemand, diffusion de la philosophie hegelienne) et politiquement (révolutions de 1830 et 1848, Commune), l'idée que l'art peut transformer le monde se développe, et le Réalisme se veut la forme artistique propre à la démocratie. Convaincu par cette idée, Courbet fait fi des règles établies et construit son œuvre comme un manifeste de liberté: il s'agit de pointer du doigt une société cloisonnée dans ses ordres sociaux, pour mieux en briser les carcans.

Courbet, qui fréquente Proudhon, Baudelaire, Sand, s'affiche en dandy provocateur. Artistiquement, il s'attache à élever au rang de grand art les scènes de genre normalement réservées à de petits formats, à de petites ambitions. Scènes agricoles regroupant des anonymes, portraits, natures mortes ou nus érotiques, tous les sujets de Courbet provoquent la grande peinture historiographique et la peinture sacrée, et célèbrent une réalité quotidienne et banale. Dès lors, l'on découvre que la subversion profonde de l'œuvre de Courbet ne réside pas dans son tableau polémique L'origine du monde (certainement le plus connu de l'artiste), mais constitue bien plus profondément l'essence de sa démarche artistique. Ce rapport dialectique entre l'art et le monde fait de l'atelier du peintre, qu'il peint d'ailleurs en 1854, un véritable microcosme : «l'histoire morale et physique»(lettre à Champfleury, p.139/140) de l'atelier de Courbet illustre la grande Histoire.

La qualité de Rubin est de restituer avec précision ce bouillonnement, et surtout de le rendre limpide. L'ouvrage suit la trame chronologique de la vie du peintre et la divise en grands thèmes révélateurs de l'envergure de l'artiste et de son œuvre sur son temps. Pour chacun des thèmes, l'auteur appuie son propos sur l'analyse précise de tableaux emblématiques du parcours de Courbet et propose des comparaisons et des parallèles avec les oeuvres d'autres peintres. Le discours est complet, mais un petit décalage apparaît au fil des pages entre la qualité d'analyse artistique du livre et celle de description historique. En effet, certaines données historiques évidentes sont explicitées (on nous informe par exemple que Louis XVIII est un roi de la Restauration), alors que la terminologie propre à l'histoire de l'art est plus érudite. Sans doute ce décalage est-il dû à l'objectif de l'ouvrage de s'adapter à des publics de différents pays. En effet, le livre a été édité une première fois en 1997 en Angleterre et ce n'est que cette année qu'il est publié en France.

Publié dans la collection «Art et idées», l'ouvrage s'insère parfaitement dans la ligne éditoriale de Phaidon : sobriété formelle et sérieux du contenu. La couverture blanche sur laquelle se détache un détail du tableau La Rencontre (1854) laisse à peine apercevoir le titre et le nom de l'auteur. La prédominance du nom de l'édition sur cette même couverture ne laisse aucun doute au lecteur : l'éditeur est ici un gage de qualité. Aussi peut-on sans risque se lancer dans la lecture de ce Courbet: les 350 pages se tournent vite grâce à un récit vivant qui déploie une analyse sérieuse, mais jamais austère.


Marie Cadou
( Mis en ligne le 09/01/2004 )
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