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Visite libre tous publics
 collectif   Le Musée de la maison
Phaidon 2004 /  9.95 € - 65.17 ffr. / 520 pages
ISBN : 0-7148-9398-6
FORMAT : 12x17 cm

L'auteur du compte rendu : Emmanuel Cros étudie l’architecture au Bauhaus de Weimar en Allemagne.
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La maison fascine. L’architecture domestique est un projet qui mêle l’individuel et l’universel, dans des variations infinies. Le Musée de la maison, qui présente en images «500 demeures» toutes époques et lieux confondus, réunit une étonnante diversité d’habitations.

L’édition 2004 au format de poche est une réimpression de la première version française parue en 2001. Cette compacité modère la prétention encyclopédique illusoire d’un tel ouvrage et facilite sa consultation. Répertoriée de A à Z par «architecte, commanditaire, tribu ou peuple», chaque maison est présentée en une page par une photo et une notice succincte. Ce cumul de demeures spectaculaires ressemble parfois à un recueil d’annonces immobilières d’exceptions, rubriques Villas de rêves, maisons de vacances, maisons d’architectes… ou habitat traditionnel. Palais, villas, cabanes ou caravanes créent d’hypothétiques voisinages dans ce mélange des genres sans classement hiérarchique. Toutes ces maisons ou presque existent, certaines aujourd’hui sont détruites. L’aspect plastique et photogénique, comme le caractère exotique, a souvent fait une place à ces constructions dans l’imaginaire collectif des architectes et du public de l’architecture ; et justifie leur présence dans ce livre. C’est là un choix non exhaustif de «maisons visuellement stupéfiantes» (p.3), icônes de leur temps.

A remarquer d’ailleurs que certaines des photographies choisies offrent des vues méconnues de plusieurs constructions, trop couramment rapportées par les mêmes clichés. Citons la Frank House (House VI) de l’architecte Peter Eisenman, habituellement photographiée du dehors pour son insolite volume éclaté, qui est restituée ici par une vue de son intérieur découpé. Les présentations courtes renseignent efficacement le lecteur, par des remarques pertinentes sur l’objectif de la commande, les raisons essentielles de la forme ou les spécificités invisibles… Des renvois systématiques à d’autres œuvres suggèrent des associations, de concepteurs surtout, et ouvrent des pistes au lecteur vagabond.

Une telle abondance incite à comparer les maisons entre elles et à rechercher les absentes. Aussi chacun saura-t-il évaluer la pertinence des choix autant qu’il pourra penser à ce qui lui semble avoir été oublié. Plusieurs maisons légendaires manquent, parce qu’elles sont l’œuvre d’un architecte déjà présenté par une autre de ses réalisations. Ainsi les Le Corbusier, Mies Van der Rohe, Frank Lloyd Wright… D’autres créateurs au contraire, n’ont pas été répertoriés. Pêle-mêle, le Facteur Cheval et son Palais idéal, Konrad Wachsmann auteur de la maison de vacances du professeur Einstein à Caputh près de Postdam et précurseur de la construction moderne en bois, les habitations groupées de l’autrichien Roland Rainer, ou encore les maisons conçues par les architectes Max Bill, André Bloc, John Hejduk, Jørn Utzon, Henry Van de Velde… La liste des créations méritantes oubliées est longue. Certains projets au contraire ne semblent s’imposer que par leur nouveauté dans les années 1990. La réédition 2004 n’a pas été actualisée et quelques réalisations d’alors semblent désuètes au regard de l’influence véritable de certaines autres parfois plus récentes, qui ne figurent pas dans ce répertoire.

Concernant les formes d’occupation des territoires par des habitations, l’ouvrage se limite à n’en indiquer quelques traits que pour les formes anciennes de peuplement. Quelques très rares exemples de compositions d’ensemble comme Le Cirque royal de Bath au Royaume-Uni (p.489) ou les Maisons du Prinzengracht des marchands d’Amsterdam (p.15) associent la maison à une notion d’urbanisme. De la cité-jardin ou de la Siedlung, planification urbaine caractéristique de la première moitié du XXe siècle, les formes d’urbanisations supports des habitats individuels ne sont presque jamais évoquées. Le lotissement qui est le pendant de la maison individuelle, est ignoré. Le mot n’apparaît d’ailleurs qu’à la page 498, pour situer l’une des dernières maisons, et le glossaire en fin d’ouvrage se limite à des termes de construction et des styles historiques. Parce que ce livre est dominé par la référence de la maison comme habitat privé, pavillonnaire et unique, très rares sont les exemples de types différents comme les maisons jumelles (Cf. Walter Gropius) ou en bande (Cf. Ernö Goldfinger). Plusieurs immeubles sont présentés, plutôt comme exemples de démesure ou d’extravagance. Car la maison est aussi l’objet des commandes parmi les plus prestigieuses, et celle des productions les plus luxueuses. C’est en même temps le programme qui peut offrir une reconnaissance à son concepteur malgré la relative petite taille et l’économie de l’objet construit, ce qui prouve la popularité du thème de la maison.

Cet ouvrage est donc bien une sélection de maisons emblématiques où le touriste de l’architecture voudrait vivre en nomade, passager temporaire de ces habitats planétaires. Il pourra se rêver habitant imaginaire, ou envisager une visite. Une liste en fin d’ouvrage répertorie par pays les maisons accessibles au public. Elle comporte les indications minimums de localisations et de conditions d’accès.

Le Musée de la maison est un livre de curiosités, où l’on entrera au hasard pour un parcours aléatoire : la visite y est libre et chacun flânera à l’envie. Cheminer dans cette collection, c’est aussi s’interroger sur les modèles, leurs valeurs et leur diffusion.
C’est un des paradoxe de la maison : ce programme synthétique parfois petit par sa taille, peut jouir d’une renommé incroyable et condenser l’idéal d’une époque et d’une société. Si les publications sur le sujet aujourd’hui abondent, c’est peut-être parce que la maison est le lieu et l’objet d’un désir d’architecture.


Emmanuel Cros
( Mis en ligne le 09/05/2004 )
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