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Promenade à travers un demi-siècle de photographie | | | Marc Riboud 50 ans de photographie Flammarion 2004 / 50 € - 327.5 ffr. / 175 pages ISBN : 2-08-011306-2 FORMAT : 25x31 cm
Catalogue de lexposition «50 ans de photographie», consacrée à Marc Riboud, qui se tient actuellement à la Maison européenne de la photographie (Paris), jusquau 17 octobre 2004. Imprimer
Une jeune fille seule face à des soldats, une fleur en réponse à leurs baïonnettes. Cette photographie prise lors dune manifestation contre la guerre du Vietnam, à Washington en 1967, a marqué nos mémoires. Symbole de non-violence, cette image qui emblématise à elle seule toute la protestation de la jeunesse américaine est luvre du photographe Marc Riboud.
Ses premières photographies ont pour sujet Paris. Le «Peintre de la Tour Eiffel» lui vaut sa première publication dans Life et lui permet dentrer, à trente ans, à lagence Magnum en 1953. Robert Capa lenvoie alors à Londres «pour voir les filles et apprendre langlais». Il napprend pas la langue mais photographie intensément. Une série de photographies sur Leeds, ville industrielle de l'Angleterre noyée dans la grisaille, longtemps oubliée dans les cartons, figure dans cet ouvrage pour la première fois. De cette époque, on retiendra également cette image dun match au stade de Wembley, en 1954, contraste dune marée humaine face à quatre footballeurs sur le terrain. Mais trop intimidé par les fortes personnalités dHenri Cartier-Bresson et de Robert Capa, Marc Riboud ressent vite le besoin de prendre ses distances.
Dès 1955, il quitte la France pour lInde où il séjournera un an. Puis se rend en Chine, en URSS, couvre les indépendances en Algérie et en Afrique noire. A partir des années 70, il voyage au Moyen-Orient et en Orient, au Cambodge, au Japon et en Chine. Il nous offre dailleurs dans cet ouvrage un beau portrait de Shanghai à travers trois époques différentes : 1965, 1992 et 2002. Bien qu'il affirme nêtre ni un globe-trotter ni un reporter mais un flâneur et un promeneur, il se retrouve aux quatre coins du monde, guidé davantage par son insatiable curiosité que par la recherche du scoop. Au contraire de nombreux confrères, il a toujours été un photographe libre : pas de contraintes de temps ou de sujet imposé. Il ne prétend pas exercer le moindre rôle social ni être un photographe engagé et ne considère pas la photographie comme un témoignage : «Une photographie n'est pas plus importante qu'une phrase dite par n'importe qui dans un autobus. Nous photographions des détails, des petits morceaux du monde.»
Tous ces voyages lui permettent den finir avec cette timidité qui le ronge depuis l'enfance. Ce trait de caractère, qui aurait pu constituer un réel obstacle à sa rencontre avec le genre humain, le pousse au contraire à aller de lavant. Sur presque tous ses clichés, on peut observer des hommes, des femmes ou des enfants. Marc Riboud aime surtout regarder avant de photographier : «Je crois qu'il faut montrer simplement ce qu'on découvre, essayer de retrouver le regard de l'enfant.»
Le regard toujours intense est omniprésent dans son uvre. Ainsi, cette photographie prise en Iran, en 1979, montrant deux silhouettes de femmes voilées de noir se croisant sous le regard sévère de lAyatollah Khomeiny, représenté sur une affiche servant de toile de fond à lensemble. Mais aussi regards méfiants de passants pressés, regard étonné dun mineur chinois qui se retrouve pour la première fois face à un occidental, regard malicieux dun enfant mimant Marc Riboud en train de le photographier, regards fantomatiques dalgériennes voilées de blanc ou bien encore regards figés daffiches ou de publicités.
Une impression de mouvement se détache de lensemble. On sent que Marc Riboud marche, se faufile, se nourrit de ce flux incessant, fait des rencontres, curieux de la vie et des gens qui lentourent. Il suffit de tourner les pages de ce livre pour sen rendre compte : les gens marchent, courent, pédalent, rament, volent, escaladent
existent en somme. Marc Riboud cherche sans cesse «la surprise visuelle, le bonheur éphémère de trouver un ordre dans le chaos» et affirme : «je ne me lasse pas de guetter la surprise, la note juste, cocasse ou émouvante.» L'il aussi du reste se promène dans ces photographies, il ny a pas un élément en particulier qui attire lattention.
Des cinquante années de cette création, ce catalogue dexposition nous invite à travers cent cinquante photographies en noir et blanc à découvrir, non pas un parcours chronologique, mais les moments que cet il sensible a su capter au passage dune vie.
Marina Hemonet ( Mis en ligne le 23/04/2004 ) Imprimer
A lire également sur parutions.com:Les Chemins de Bouddha de Steve McCurry
Ailleurs sur le web :Un entretien avec Marc Riboud, dont sont extraites les citations du présent articleLien vers le site de la Maison européenne de la photographie | | |
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