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| Beaux arts / Beaux livres -> Photographie |
| Philippe Jaffré Alain Anceau Alfred Anceau photographe 1857-1954 - Quatre pieds six pouces au-dessus de l'horizon
Somogy 2004 / 45 € - 294.75 ffr. / 298 pages
ISBN : 2-85056-743-4
FORMAT : 28x25 cm
L'auteur du compte rendu: Marion Perceval a suivi les cours de premier et de deuxième cycles de l'Ecole du Louvre (option histoire de la photographie). Elle prépare actuellement un DEA d'histoire des techniques sur Alphonse Davanne, un chimiste-photographe qui tenta de vulgariser la pratique photo à la fin du XIXe siècle.
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Alfred Anceau de Méhérend (1857-1954) est un inconnu et pourtant il fait lobjet dun beau livre édité par les Editions Somogy et le Centre régional de limage et du son (le Ceris) de Caen. Passionné de voyage, il aura photographié sa vie. Issu dune famille bourgeoise des Ardennes, installée à Paris, il étudie probablement les sciences. Car pour rencontrer la photographie à cette époque il faut posséder de solides connaissances en chimie, en optique, parfois en art. Ainsi, lors de son premier voyage, réalisé après son mariage, il découvre le Cotentin peint par Millet quil admire.
Cet homme est un libéral, au sens premier du terme. Il est proche de Gambetta, dreyfusard, se passionne pour Victor Hugo, Jules Verne ou Arthur Rimbaud. Chez ce curieux, le voyage s'impose comme une nécessité. En 1924, il part pour lAfrique, le Sénégal et la Mauritanie. Il y retournera plusieurs fois. Néanmoins, un évènement de la modernité va lemmener à lEst, très à l'Est : la Croisière jaune. Après le succès en 1924 de la traversée de l'Afrique Noire (la Croisière Noire), André Citroën lance un second voyage publicitaire en automobiles, cette fois à travers l'Asie, à la fin des années 1920. Cette expédition permet aux Français de découvrir ces pays lointains, notamment à Alfred Anceau qui, déjà âgé, décide de partir pour ces contrées. Il est l'un des rares occidentaux présents à l'arrivée de la caravane dans Pékin en 1930.
Les images qu'il ramène de ses voyages sont d'une grande humanité, loin des clichés anthropologiques nés de la volonté de classement de types humains, propre au XIXe siècle. Les habitants de ces régions exotiques posent fièrement devant une hutte, une pagode ou un paysage. Le voyage offre la possibilité de rencontres qu'Anceau fixe alors sur la pellicule, les lieux autant que les hommes. Avec notre regard contemporain, nous découvrons un quotidien aujourd'hui disparu tant en Afrique qu'en Asie ou même en France.
L'exotisme, le photographe le déniche en effet dabord dans les régions françaises. Il est alors un amateur photographe témoin de son époque, à la démarche plus documentaire que celle de son contemporain Jacques-Henri Lartigue, lui centré sur la bourgeoisie de la Belle Epoque. Les appareils qu'il utilisait sont ceux de tout amateur de début de siècle, avec une petite originalité propre aux praticiens éclairés : la photographie en relief.
D'un format à l'italienne, le livre présentant les oeuvres de ce photographe amateur et inconnu laisse la part belle aux illustrations. Les textes sont courts et biographiques ou présentent rapidement les thèmes traités. La photographie, dont la qualité de reproduction est souvent bonne (quelquefois, malheureusement, les images sont en noir et blanc et presque floues), devient la principale source d'information et d'intérêt. La mise en page est originale, des montages de plusieurs photographies accompagnant les images en pleine page. Vouloir faire découvrir un voyageur photographe-amateur du début du XXe siècle est une idée louable et sa réalisation, originale, est totalement adaptée au propos.
Marion Perceval
( Mis en ligne le 27/11/2004 )
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