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Par le petit bout de la lorgnette
Daniel Arasse   Le Détail - Pour une histoire rapprochée de la peinture
Flammarion - Champs 2009 /  11 € - 72.05 ffr. / 459 pages
ISBN : 978-2-08-122064-5
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

Première publication en septembre 2008 (Flammarion).

L'auteur du compte rendu : Scénariste, cinéaste, Yannick Rolandeau est l’auteur de Le Cinéma de Woody Allen (Aléas) et collabore à la revue littéraire L'Atelier du roman (Flammarion-Boréal) où écrivent, entre autres, des personnalités comme Milan Kundera, Benoît Duteurtre et Arrabal.

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Le détail constitue pour l'historien le lieu d'une expérience qui n'est pas secondaire. Il représente et renouvelle une part de la problématique. Les problèmes sont nombreux, nous dit Daniel Arasse dans ce livre magnifique : "Ce qu'il trouve répond-il à une action du peintre dans son tableau ? Car un détail "vu" peut ne pas avoir été "fait" ; un détail peut être "inventé", au sens archéologique du terme, par le désir de celui qui regarde. Mais si ce détail a été inconstestablement voulu et fait par le peintre, qu'en est-il alors du peintre dans ce détail et dans le tableau ? ". Nous voilà devant une analyse ardue : faut-il prendre en compte le détail et lui donner autant d'importance malgré parfois son insignifiance ; ou au contraire, faut-il lui rendre sa vraie place – ce n'est qu'un détail - et ne pas bouleverser l'architecture et l'importance de l'ensemble ?

Ce livre de Daniel Arasse (1944-2003) a été publié pour la première fois chez Flammarion en 1992. Son auteur fut l'un des plus éminents historiens et théoriciens de l'art. Il a été directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) après avoir enseigné l'histoire de l'art moderne (XVe-XIXe siècle) à l'université Paris-IV, puis à l'université Paris-I. Il fut en outre directeur de l'Institut français de Florence. Auteur de nombreux ouvrages d'histoire de l'art, dont Léonard de Vinci (Hazan, 1997), Le Sujet dans le tableau (Flammarion, 1997), L'Annonciation italienne (Hazan, 1999), On n'y voit rien (Denoël, 2000), il se rend accessible autant aux lectorat public éclairé qu'au grand public. "Conçu comme un ouvrage d'histoire de la peinture, ce livre vise (...) à mettre au jour les fonctions particulières qu'a pu avoir, dans l'histoire, le détail - tant au cours de la gestation du tableau que dans sa perception - ; il vise à mettre en lumière certains des mécanismes et des enjeux de ces moments privilégiés où, à travers le détail de son parcours, le tableau "se lève" (Goncourt), fait "acte de présence" (Claudel)".

Dans une première partie, Daniel Arasse examine la situation du détail dans le tableau selon le point de vue du double emblème, emblème du processus de représentation adopté par le peintre et emblème du processus de perception engagé par le spectateur. Dans une seconde partie, on comprend que le détail fait écart, comme une marque intime dans le tableau, faisant signe à celui qui regarde, disloque à son profit le dispositif de la représentation, se présentant comme un comble de la peinture.

Daniel Arasse tente donc de répondre à une question cruciale : quelle fonction le détail a-t-il jouée dans l'histoire de la peinture ? En tant que "dettaglio", le détail fait événement dans le tableau, arrête le regard, trouble l'économie de l'observation. Un détail peut tout remettre en cause. Cette problématique du particulier et de l'universel est le contexte théorique où se joue la question classique du détail. Par exemple, avec La plaie du christ (Bréviaire de Bonne de Luxembourg avant 1349), le détail sert à mettre en gros plan (comme au cinéma) et rendre sensible la douleur du Christ. Ce sera encore le cas avec le peintre Matthias Grünewald et sa brutalité visuelle dans le détail, consistant à rendre palpable l'atroce agonie du Christ.

Le détail constitue ainsi un outil d'observation des plus efficaces pour percevoir les enjeux d'articulations historiques ou de choix esthétiques beaucoup plus larges. Chardin ou Ingres seront, entre autres, des spécialistes du détail, le premier avec l'intention de faire du tableau la représentation d'un acte de la vision, une histoire de perception. Ce n'est pas donc ici l'histoire du détail comme ornement qui a lieu même si le détail a été le lieu d'un double enjeu : celui du métier du peintre (savoir-faire) et celui de la vérité en peinture. C'est cette dernier qui intéresse tout particulièrement Daniel Arasse.

Au fur et à mesure que l'on parcourt ce livre, on saisit que toute l'histoire de la mimésis en peinture a été travaillée par un désir de connaître, désir qui se concentre dans la vérité du détail. Sans doute parce que le détail est le lieu du concret même, révélateur et significatif, montrant ce que personne n'a vu ou ne voyait.

D'une approche assez simple, d'un style sans narcissisme aucun, le livre de Daniel Arasse demande pour seul effort la patience... pour savourer chaque détail.


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 17/02/2009 )
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