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| Beaux arts / Beaux livres -> Manuels & guides |
| Joël Cuénot Le phare de Patagonie
Joël Cuénot 2001 / 45.04 € - 295.01 ffr. / 108 pages
ISBN : 2863480243
FORMAT : 28 X 31
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Editeur et photographe, Joël Cuénot souhaitait retrouver au Chili les contrastes qui l’avaient tant séduit lors d’un précédent voyage en Islande. C’est pourquoi il n'aborde ici que les seules extrémités d’un pays qui, tel un fleuve, déroule ses 4300 kilomètres du nord jusqu’au sud et dont les rives seraient, à l’est, la Cordillère des Andes, à l’ouest, l’Océan Pacifique. Commençant par le désert de l'Atacama, sorte de figure de l’autre monde qui accueille les gigantesques télescopes du Mont Paranal, son périple et son livre se concluent en Patagonie et plus particulièrement à Magdalena. Cet îlot perdu au milieu du détroit de Magellan compte, pour seuls habitants, des manchots qui se serrent contre l’adversité et, pour unique refuge, un phare rouge et blanc dressé contre les vents furieux de l’Antarctique.
Pourquoi ce phare de Patagonie, improbable bâtisse balayant inlassablement de ses feux ces terres de bout du monde ? Parce que l’auteur, fasciné par les oiseaux et oubliant de remonter sur le bateau qui l’avait amené sur l’île, dut y passer la nuit. Méditant devant la lampe du phare, Joël Cuénot eut l’idée de s’en servir comme d’un projecteur de diapositives, photographiant au même instant le fruit de cet ingénieux procédé. Le résultat : des images sublimes et inédites qui mêlent en surimpression à des ciels rougeoyants, des prises de vues consacrées aux Indiens décimés de ces terres d’exil. Sous l’œil ébahi des manchots et peut-être plus encore de l'auteur s'anime un extraordinaire son et lumière qui, sur fond de nuages patagons, rend hommage à ces enfants sauvages, à ces femmes à demi nues, à ces hommes fiers qui vivent de chasse et de pêche.
Subjugué, le lecteur tournera ces pages jusqu'à cet Indien gisant inanimé au pied de mercenaires aux ordres des colons qui livrèrent ici l’une des pires chasses à l’homme que le monde "civilisé" ait à expier. D'une rare intensité, ce chapitre fera presque pâlir les très belles photographies du début : celles de la vallée de la lune de l’Atacama et de ses salars éclatants comme celles, poétiques et troublantes, de galaxies arrachées à l’infini par l’extraordinaire technicité des télescopes du mont Paranal.
Un texte à la première personne, un fil directeur original et personnel pour un ouvrage à part, qui n’étale ses somptueux paysages que pour mieux développer sa réflexion sur la nature, l’homme et ses ambivalences.
Muriel du Brusle
( Mis en ligne le 18/12/2001 )
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