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Japanimation
Brigitte Koyama-Richard   L'Animation japonaise - Du rouleau peint aux Pokémon
Flammarion 2010 /  40 € - 262 ffr. / 245 pages
ISBN : 978-2-08-122787-3
FORMAT : 23cm x 27,5cm
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Dans les années 70, Albator, Godorak et d'autres ont été, en Europe, l’avant-garde d’une animation japonaise encore inconnue. Aujourd’hui omniprésente, au cinéma, à la télévision, sur les chaînes pour enfants comme sur Arte, elle est le moteur principal d’un engouement mondial pour la «culture et le style manga». La renommée acquise par l’animation japonaise n’est pas un hasard mais le fruit de toute une histoire que vient présenter cet ouvrage.

Ce sont avant tout des inventions techniques d’origine étrangère qui ont favorisé les débuts d’une animation au Japon, pays pourtant plutôt protectionniste voire isolationniste. Pour bon nombre de maîtres de l’animation japonaise, les rouleaux enluminés d’origine chinoise peuvent être considérés comme les prémices d’un rapport à une forme de narration illustrée par le déroulement d’images successives. L’ouverture forcée du Japon, pays fermé considéré comme «moyenâgeux» en 1853, permet aux Occidentaux d’importer leurs produits et leurs savoirs. Les lanternes magiques puis le cinéma sont de ceux-ci et se diffusent parmi la population. Ces nouvelles technologies, comme toutes les autres introduites dans le pays, comme auparavant les rouleaux enluminés chinois, sont vite adoptées par les Japonais pour véhiculer leur propre culture.

Ce phénomène est aussi valable pour la bande dessinée, avec l’apparition des mangas, que pour l’animation. Ces deux médias sont très rapidement mêlés. La maison de production Toei produit, dès l’après guerre, des «manga eiga» (films de manga) et le «père» le plus célèbre du manga, Ozamu Tezuka, fait, quasiment dès ses débuts, passer, ses personnages du papier à l’écran : c’est le cas notamment d’Astro boy. Depuis, la richesse de la culture japonaise et le succès rencontré par les films d’animation favorisent la multiplication et la diversification des maisons de production, capables aujourd’hui de proposer tout aussi bien les contes poétiques de Miyazaki, la science-fiction philosophique de Ghost in the Shell ou les aventures délirantes de One Piece.

Dans ce livre, Brigitte Koyama-Richard brosse un portrait complet de ce qu’est cet art populaire, aujourd’hui mondialisé, choisissant même d’en présenter des aspects méconnus comme les films d’animation de marionnettes. La principale force de l’ouvrage repose dans l’approche qu’a choisie l’auteur. Brigitte Koyama-Richard ne se contente pas d’une analyse fouillée du phénomène du film d’animation : de nombreuses interviews offrent au lecteur un rapport plus direct à ceux qui ont fait ou font l’animation japonaise. Le tout est mis en page de façon aérée, des illustrations viennent tout à fait à propos ponctuer le récit et contribuent à en faire un livre agréable à feuilleter, à consulter mais aussi à lire.

On pourrait regretter que l’auteur n’ait pas exploré également une approche sociologique, n’abordant qu’un peu ce qui fait la diversité et la popularité du genre, en se limitant essentiellement à définir ce qu’est l’animation japonaise. Mais l’ouvrage étant déjà conséquent, il aurait fallu peut-être y consacrer un second livre !

Ce beau livre, édité par Flammarion, satisfera un large public, curieux de ce qu’est l’animation japonaise. Sa clarté, les nombreuses interviews, la qualité de la mise en page et des illustrations en font un ouvrage intéressant pour les profanes tout en étant digne d’orner les bibliothèques des amateurs.


Yvon Luneau
( Mis en ligne le 17/11/2010 )
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