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| Stendhal Philippe Berthier Stendhal. Rome, Naples et Florence - Illustré par les peintres du Romantisme Diane de Selliers - La Petite collection 2010 / 50 € - 327.5 ffr. / 309 pages ISBN : 978-2-903656-70-6 FORMAT : 19,5cm x 26cm Imprimer
Durant le voyage quil fit en Italie de septembre 1816 à octobre 1817, Stendhal tint son journal quil publia à son retour en France sous le titre Rome, Naples et Florence. LItalie est alors pour lui terre de rêves, trop et mal connue, fréquentée par ses peintres, les estampes et lithographies quil a inlassablement regardées, toute une connaissance à la fois livresque et esthétique qui lui a permis de se construire son Italie ; le voyage quil accomplit est aussi loccasion de retrouver cette Italie «pré-vue» : «Jai si souvent regardé des vues de Florence, que je la connaissais davance ; jai pu y marcher sans guide» (p.174). Ce voyage de 1817 nest pas le premier en Italie, il a déjà séjourné à Milan daoût à novembre 1811, et à la suite de ce séjour a commencé la rédaction de lHistoire de la peinture en Italie ; puis il est revenu à Milan en septembre-novembre 1813, et a à nouveau entrepris un grand périple en août-octobre 1814 (Milan, Gênes, Livourne, Pise, Florence, Bologne et Parme) avant de revenir à Milan où il passe toute lannée 1815 et reste jusqu'en mars 1816.
Il séjournera très régulièrement dans cette ville (jusquen 1821) quil aime (il fera inscrire sur sa tombe milanese) tout en parcourant lItalie. En 1817, il publie Rome, Naples, Florence, quil réédite lannée suivante sous le titre LItalie en 1818. Le succès rencontré par ce journal de voyage entraîne des rééditions successives que lauteur complète. Le titre est dailleurs un peu mensonger dans sa formulation car Stendhal cette fois-ci ne voit pas Rome ou si peu : à laller «Nous navons passé que trois heures à Rome. Jai vu de loin la coupole de Saint-Pierre et je ny suis point allé : je lavais promis à mon compagnon de voyage. Si jai vu le Colisée, cest que la route de Naples passe tout près» (6 février 1817). Il sy arrête à nouveau, au retour en août-septembre, mais nest pas encore séduit par la ville : «Tout est décadence ici, tout est souvenir, tout est mort» (29 août 1817). Cest à un autre séjour quil découvrira vraiment la ville et apprendra à laimer, il écrira alors les Promenades dans Rome. Au contraire, Milan se taille la part du lion dans ce journal. Grand amateur dopéra, Stendhal ne voit rien au-dessus de la Scala. En comparaison, Florence lui apparait terne : «Tout est pauvre au théâtre de Florence, habits, décorations, chanteurs : cest comme une ville de France du troisième ordre. (
) Afin que lItalie offrit tous les contrastes, le ciel a voulu quelle ait un pays absolument sans passions : cest Florence» (p.185).
Stendhal aime passionnément lItalie quil connait bien pour lavoir parcourue inlassablement tout au long de sa vie et avoir été consul à Civitavecchia. A le lire, on est constamment entre Italie réelle et Italie imaginaire : il adore raconter histoires et anecdotes à propos des personnes quil rencontre, quon lui présente ; cette Italie de 1817 parait peuplée de personnages de romans, de «chroniques italiennes», tout comme le regard porté sur les paysages est constamment enrichi de lItalie des peintres. Imaginaire et réalité simbriquent constamment. Cette Italie rêvée qui se construit sous nos yeux est appelée à un bel avenir. Elle répond dailleurs aux idées de ces élites sociales qui accomplissaient le «grand tour» depuis le XVIIIe siècle et aimaient lItalie aussi pour ce quils sattendaient à y retrouver.
Une intéressante préface de Philippe Berthier dresse dans ses grandes lignes les rapports que Stendhal entretint avec lItalie. Les éditions Diane de Selliers ont choisi de publier lédition de 1826 de Rome, Naples et Florence. On y suit, de Milan à Naples, un Stendhal passionné dopéra, sensible au charme, à la beauté et à la liberté des femmes italiennes, amateur danecdotes. En fin de volume : une chronologie, des notes, des index et lorigine des illustrations. Pour cette édition qui a paru la première fois en 2002 en coffret de luxe, et qui est reprise aujourdhui dans "La petite collection", Diane de Selliers a voulu que soit rassemblée une considérable et originale documentation iconographique. Ainsi, on peut lire Stendhal avec en regard les reproductions des uvres quil connaissait et qui lont inspiré, ces paysages quil découvre, le pittoresque et le classique, les couleurs vives, la lumière mais aussi des teintes sépia, la vie quotidienne mais également les nobles ruines. Léditeur a fait un vaste choix de peintres : italiens, mais aussi français, anglais, etc. Les images répondent au texte et lenrichissement est réciproque. Un très beau travail dédition qui permet de lire autrement un texte souvent cité.
Marie-Paule Caire ( Mis en ligne le 15/12/2010 ) Imprimer
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