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Le nouveau monde
Thomas Pynchon   Contre-jour
Seuil - Points - Signatures 2009 /  18 € - 117.9 ffr. / 1467 pages
ISBN : 978-2-7578-1467-3
FORMAT : 11cmx18cm

Première publication française en septembre 2008 (Seuil).

Traduit de l'anglais par Claro.

L'auteur du compte rendu : Scénariste, cinéaste, Yannick Rolandeau est l’auteur de Le Cinéma de Woody Allen (Aléas) et collabore à la revue littéraire L'Atelier du roman (Flammarion-Boréal) où écrivent, entre autres, des personnalités comme Milan Kundera, Benoît Duteurtre et Arrabal.

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Né en 1937, Thomas Pynchon est un homme secret. Entré en littérature à 26 ans en publiant un premier roman, V., il poursuit sa carrière avec L’Arc en ciel de la gravité (1973), Vente à la criée du Lot 49, puis des nouvelles : L’Homme qui apprenait lentement, Vineland et Mason & Dixon. Avec Contre-jour, le lecteur a fort à faire : près de 1500 pages. Cela peut être décourageant ou, à l'inverse, enthousiasmant. Le titre original, Against the day, fait référence à un passage de la Bible sur le Jugement dernier.

Ce roman imposant convoque tout à tour d'une façon consciente ou inconsciente Jules Verne, John Steinbeck, Dos Passos, Margaret Mitchell et d’autres. Il y a quelque chose de proprement américain dans le fait de brosser ainsi une époque avec des dizaines de personnages ; c'est étourdissant et il est conseillé de prendre quelques notes pour s'en sortir ! L'histoire débute en 1893, à Chicago. à bord du dirigeable «Le Désagrément», en compagnie de l'équipage de la Confrérie des Casse-Cou, composée des valeureux Chick Counterfly, Darby Suckling, Lindsay Noseworth, Miles Blundell et du chien Pugnax, tous placés sous les ordres du commandant Randolf St. Cosmo.

Quantité d'autres destinées, individuelles ou collectives, croisent celle de la Confrérie des Casse-Cou : celle de Lew Basnight, enquêteur employé par l'agence de détectives «White City Investigations» ; celles de Merle Rideout et de sa fille adoptive Dahlia ; sans parler d'une myriade de scientifiques, «quaternionistes» ou autres, clamant sur la banquise leurs théories sur la Nature du temps. Le roman fait un saut et se déplace à Telluride, dans le Colorado, et prend racines dans l'histoire de la famille Traverse, qui veut assouvir son désir de venger le meurtre de l’ancêtre Webb. Cet anarchiste solitaire est victime d’un assassinat commandité pour raisons économiques par Scardale Vibe, richissime magnat, homme de l’ombre et expert en mauvais coups, prêt à tout pour préserver son empire et accaparer les richesses qu’il devine dans l’apparition de l'électricité. Ses deux fils décident de venger son meurtre. Ils partent pour Jeshimon... L'un d'eux devra rapatrier le corps de son père pendu afin qu'il ait une sépulture digne de ce nom... Il faut dire que Webb Traverse dynamitait les possessions des propriétaires des mines et du chemin de fer.

Voilà résumées en quelques lignes deux ou trois intrigues qui pimentent cet imposant roman. Thomas Pynchon tente ainsi de comprendre ce début de siècle, époque importante s'il en est : inventions miraculeuses, délires capitalistes, complots et meurtres en tous genres, espions et détectives, sciences positives en plein essor, explorateurs, électrification des villes, passion pour la vitesse, jolies femmes, tentations, argent... tous ces éléments parsèment ce roman "impossible" jusqu'au moment de basculement : la Première Guerre mondiale conjuguant rêve scientifique et folie technologique. Il est aussi question de l'Ether qui fascinait les scientifiques du XIXe siècle, de photochimie, de nécromancie, de théorie électromagnétique ou de gastronomie islandaise.

Kubrick était fasciné par l'Europe centrale (Vienne), berceau de cette haute civilisation qui allait s'écrouler. Thomas Pynchon, lui, nous emmène à l'ouest pour comparer ce qui se passait alors en cette cruciale fin de siècle. Il y a là comme la répétition, un siècle auparavant, de ce que nous vivons en ce début du XXIe siècle, une autre époque de bouleversements. Les romanciers aiment ces décalages esthétiques, une façon de boucler la boucle en écrivant un roman qui parle du début du XXe pour évoquer notre époque.

Contre-jour n'est pas un roman facile, tant par sa longueur que par ses digressions. C'est sans doute le principal reproche que l'on peut faire à cette saga, ce surplace préjudiciable aux développements des différentes intrigues. A plusieurs reprises, l'envie d'abandonner menace : il est périlleux de saturer ainsi la capacité intellectuelle du lecteur. Une seconde lecture est nécessaire pour cerner les multiples péripéties qui fourmillent ici.

Mais au final, un vrai roman, fort de sa belle ambition : brasser les personnages et les époques, articuler le sens, prendre de la hauteur pour nous donner un point de vue général sur le nouveau monde qui advenait alors. Il reste sans doute à trouver un romancier de cette envergure pour retracer notre propre époque.


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 09/12/2009 )
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