|
Poches -> Littérature |
| Junot Diaz Los Boys 10/18 - Domaine étranger 2009 / 6 € - 39.3 ffr. / 172 pages ISBN : 978-2-264-02893-9 FORMAT : 11,0cm x 18,0cm Imprimer
Construit comme un recueil de nouvelles, Los Boys sarticule autour des pérégrinations dun jeune homme de Saint Domingue. Sans transition, tel un jeu de cartes mélangées, lauteur distribue au lecteur quelques tranches de vie du narrateur, qui est tour à tour jeune enfant, puis adulte, ou encore adolescent. Sélabore une trajectoire de vie aléatoire dont le leitmotiv est limmigration à «Nova York», ville de tous les espoirs, de tous les possibles, ces États-Unis où tout le monde a le droit, selon la légende, au fameux rêve américain, à cette capacité naturelle de pouvoir se construire et se réaliser en gagnant de largent.
Son désir de fuir l'île et sa misère, où il fait chaud, où le ventre est nourrit au gré des pesos en poche et en fonction des humeurs de la météo, est aussi celui de son père. Un père violent, inexistant, injuste, qui, malgré les conflits conjugaux, a réussi à extirper au beau père largent nécessaire pour partir aux States quand il navait que 6 ans. Et chacun des membres de la famille a supporté le quotidien en attendant les billets aller simple qui permettront de rejoindre le paternel absent, dont lunique preuve dexistence est une photo qui jaunit au fil des années.
Sa vie nest pas douce, elle est baignée de lâpreté des pays sous-développés. Toutefois, dans les difficultés quotidiennes, on perçoit de la joie, des plaisirs simples, les traditions familiales et festives dune population qui sait avant tout faire face à ladversité et se réunir pour faire la fête. Les préoccupations du jeune enfant puis de ladulte sont universelles : accepter son père, trouver une existence équilibrée, au plus proche de sa personnalité. Et les désillusions sont conséquentes. Être un immigré aux États-Unis nest pas une situation privilégiée ; la galère des activités parallèles est la solution la plus rapide pour gagner de largent et survivre. Sortir de ce schéma semble impossible, mais dailleurs, en a-t-il vraiment envie ? Le narrateur est attachant, il mène sa vie en dilettante. Le plus épineux finalement, pour lui, est-ce la colère quil ressent envers son père ou la place que lui réserve son pays daccueil ?
Junot Diaz prend un plaisir certain à saupoudrer son texte des mots populaires de sa langue maternelle. Mots qui renforcent lentre-deux culturel dans lequel le narrateur se débat. Cest simple, brut et étrangement construit.
Frédéric Bargeon ( Mis en ligne le 02/03/2009 ) Imprimer | | |
|
|
|
|