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Poches -> Littérature |
| A.S. Byatt La Vierge dans le jardin J'ai lu - Par ailleurs 2009 / 8.90 € - 58.3 ffr. / 730 pages ISBN : 978-2-290-32836-7 FORMAT : 11cmx18cm Imprimer
Née en 1936, A.S. Byatt est une des grandes romancières anglaises actuelles. La Vierge dans le Jardin est le premier tome dune tétralogie (Nature morte, La Tour de Babel, Une femme qui siffle). Toute une histoire, des histoires, se déroulent : celle dAlexander qui devient un auteur dramatique reconnu, celle de Frederica qui sortira du pesant milieu familial, celle de Stéphanie à la stabilité parfaite, celle de Marcus, adolescent surdoué et fragile. On plonge dans cet épais volume pour en ressortir au terme de plusieurs heures de lecture, à la fois ravi, hébété et un peu déçu.
Ravi parce quon retrouve tout ce que lon aime dans lunivers des romancières anglaises depuis Jane Austen : des personnages complexes, hésitants entre leurs passions et le confort du quotidien, le poids des coutumes, le respect des apparences. Au premier plan : les excentriques, comme Bill Potter, le père de Stéphanie, Frederica et Marcus, qui terrorise sa famille par son tempérament imprévisible et ses excès. Autre variété : Wilkie, étudiant brillant et acteur. Discrètes : les femmes solides, souvent femmes de pasteur dans la tradition du roman anglais, qui assurent léquilibre du monde par leur sérénité ; ici Winifred, lépouse de Bill, et Stéphanie la fille aînée. Sans génie particulier, elles sont des «civilisatrices». Des cinglés : Marcus et linquiétant Lucas Simmonds
Des gens ordinaires, un aristocrate plus ou moins déjanté, mais qui ne perd pas pour autant le sens de ses intérêts, Crowe. Au milieu de tout ce monde : Alexander Wedderburn, professeur au collège et auteur dramatique, et Daniel, vicaire du pasteur.
Hébété parce que A.S. Byatt tisse en flash back - le récit commence en 1968, et remonte en 1952 - plusieurs intrigues simultanées autour de la pièce de théâtre sur Elisabeth I que monte Alexander grâce au mécénat intéressé de Crowe, lannée du couronnement dElisabeth II. On suit les préoccupations et les amours dAlexander, qui nest occupé que de lui, les ambitions de Frederica, les certitudes sereines de Daniel, la passivité de Stéphanie, la montée en folie de Marcus, mais chacune de ces histoires aurait pu faire lobjet dun roman à elle seule. La mise en abîme est vertigineuse : dune Elisabeth dAngleterre à lautre. Dans un «jardin» clos symbole de la virginité, souvenir du paradis perdu, mais aussi image de lAngleterre. Des passages sont éblouissants de drôlerie ou dintelligence (par exemple la scène du couronnement dElisabeth retransmise à la télévision et que les personnages rassemblés regardent).
Déçu, pas trop mais un peu. Déçu parce que on ne peut pas dire que lon reste sur sa faim, la 730ème page refermée, mais plutôt que lon ressent une impression de satiété un peu encombrante. Dans les années 70, la mode était encore aux longues sagas, et la tétralogie dA.S. Byatt appartient bien au genre, dont elle respecte parfaitement les règles. Mais à trop ouvrir de pistes, à trop tisser dhistoires, le récit perd un peu de sa force.
Marie-Paule Caire ( Mis en ligne le 19/08/2009 ) Imprimer | | |
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